La isla minima, c'est le genre de films que tu es content d'avoir vu en V.O.D. ou à la télé : aller dépenser presque dix euros au ciné pour ça, ça m'aurait un peu ennuyé, je dois le dire. Et l'ennui, justement, c'est un sentiment qui menace très souvent de prendre le dessus tout au long du visionnage, comme un nuage noir et menaçant, si l'on n'y prend pas garde. L'atmosphère est là, assez lourde, pesante, moite, hostile, comme la population de cette petite île qui voit débarquer deux policiers du continent pour résoudre des crimes sordides et ne semble guère avoir l'intention de coopérer. Un classique du genre. Pour couronner le tout, à l'intérieur même du duo, l'ambiance est électrique : le réalisateur, qui n'a décidément pas peur des clichés, nous ressert celui du bon et du mauvais flic. Enfin, disons plutôt que le premier est impulsif, instinctif et un peu trop porté sur les plaisirs faciles, tandis que l'autre est plus raisonnable, mesuré et intellectuel.
Avec autant de tension dans l'air, on aurait espéré davantage que cette histoire relativement rugueuse et trash, qui parvient largement à tenir le spectateur en haleine mais bascule trop souvent dans une lenteur handicapante qui, au bout d'un moment, ne parvient plus à se dissiper. Toujours embarrassant, pour un film policier, de sombrer dans ce genre de vice contemplatif, de voir les scènes de paysages se multiplier, là où il faudrait de l'action, des frictions d'égos et du suspens. Mais outre cette prise de position qui pourra plaire à certains (dont, vous l'aurez compris, je ne fais pas partie), le plus décevant dans La isla minima, c'est le dénouement. L'un des personnages se trimbale en effet un passé assez trouble, et à cinq minutes de la fin, notre ami Rodriguez ouvre une brèche vers ce qui pourrait être... Mais oui, c'est bien ça, un twist ending de la mort qui tue, et qui rachètera sans doute cette impression de gâchis qu'il a lui-même engendrée ! Et puis en fait, non. L'affrontement n'a pas lieu, l'orage n'éclate décidément pas. Alors ne restent que cette atmosphère poisseuse, cet air chargé de secret et de suspicion. C'est sûr, l'île a gagné. Quant au scénar' et au spectateur, ils se conteront de ce qu'elle veut bien leur laisser.