Truman Capote. J'ai l'impression d'en entendre parler tous les jours de ce mec et je suis même pas foutu de me renseigner sur lui. Bref.



La Isla Minima, le True Detective Espagnol.



On a pu lire ça partout. J'ai toujours trouvé ce genre de comparaison totalement marketing. C'est (un peu) moins vrai ce coup-ci.
La comparaison se fait surtout sur l'ambiance poisseuse et les décors. En effet la nature -comme les marécages par exemple- fait beaucoup penser au courant littéraire américain -illustré par William Faulkner entre autres- mettant en scène le sud des États-Unis, les bayous, et une ambiance onirique appelé Southern Gothic. Ce courant peut se retrouver dans des films comme Mud avec Matthew McConnaughey ou encore dans la (très) bonne première saison de True Detective (aussi avec Matthew). Assez digressé. La comparaison se fait donc sur la nature, les marais, la campagne crasseuse, la fête foraine etc. De ce point de vue là la comparaison est légitime et on peut même dire que le rendu est plutôt réussi. La ressemblance physique entre le personnage de Pedro (Raùl Arévalo) et celui de McConaughey, ainsi que le carnet de Juan (Javier Gutiérrez) qui rappelle beaucoup celui de Rust Cohle, force la comparaison - Mais peut-être que ce dernier élément était une technique d'investigation répandue à l'époque. J'ai également entendu parler de ce film comme d'une mauvaise copie de Memories of Murder de Bong Joon-Ho, mais je ne l'ai pas vu donc je ne peux pas en parler.



Mysticisme effleuré



Il y a une autre comparaison possible avec la série de Nic Pizzolatto, le côté mystique, également propre au Southern Gothic, cependant il est ici tout juste esquissé.


En effet il y a ce personnage de la médium qui intrigue, mais qui sera finalement révélé comme une fausse médium mais qui prédira quand même la mort de Juan qui au final ne surviendra pas à l'écran.
Il y a également la présence de cet oiseau dans la chambre de Juan juste avant qu'il ne s'évanouisse, ainsi que ce plan sur le flamand rose qui survient quand il se réveille après s'être pris un coup sur la tête (décidément, il a pas de chance celui-là)


Il y a bien une signification du flamant rose dans les rêves - une volonté d'atteindre un niveau supérieur spirituellement parlant - mais je ne suis pas certain que cela ait été pensé comme ça dans le film. Au pire ce n'est pas grave, au moins ces passages sont esthétiques.
On peut donc déplorer le manque d'implication du mysticisme dans ce film, si déjà il tendait vers ce genre d'ambiance, cela aurait pu être plus travaillé...



Une enquête en demi teinte



Finalement le plus gros reproche que je pourrais faire au film c'est la manière dont l'intrigue progresse. Nos deux protagonistes interrogent les autochtones, mais étant donné que ces derniers sont muets comme des tombes, ils se retrouvent vite dans une impasse, comme le scénariste. Par moment quand leur enquête ne les mène nulle part, survient un personnage extérieur leur donnant des infos, comme le mec fou armé d'un fusil qui débarque en pleine nuit et qui finalement n'est pas utile plus tard dans l'histoire alors qu'il paraissait en savoir beaucoup. Avec ça vient la première rencontre avec Quini.


Comment a-t-il pu se glisser derrière eux comme ça sans qu'ils ne le voient pas?
Et d'où vient le mec qui cogne Juan à la tête? A quoi sert cette scène à part à montrer un plan de flamants roses qui finalement n'a pas l'air d'avoir plus de signification que ça?



Des flics pas si clichés que ça



L’œuvre repose sur un énième duo policier, structure qui peut mener à toutes sortes de clichés. Là où True Detective arrivait à éviter ces écueils, notamment en développant de manière magistrale la psychologie des personnages, La Isla Minima - sans s'attarder réellement sur la psychologie, ce qui est bien dommage - ne tombe pas dans le coup du "deux flics que tout oppose", contrairement à ce que disent les résumés du film sur la plupart des sites (ce que ne fait pas senscritique en parlant de "convictions différentes". Bref, je chipote.) Leurs convictions politiques sont donc différentes - l'un est un ancien soldat Franquiste, l'autre un défenseur de la démocratie - mais leur comportement est sensiblement le même vis à vis des autres personnages. C'est d'abord Juan qui mène des interrogatoires violents, à l'indifférence quasi totale de Pedro (qui ressemble physiquement à mon grand-père quand il était jeune et accessoirement encore en vie... Comment ça vous vous en foutez?!) puis c'est ce dernier qui pète un plomb avec la vieille du pavillon de chasse.



En conclusion...



... on ne peut pas dire que c'est un mauvais film, il vaut même le coup d’œil, étant donné qu'il tente des choses - même si elles ne sont pas novatrices - notamment sur son ambiance, le mysticisme etc. mais ne parvient jamais réellement au bout de sa démarche. C'est vraiment dommage car la réalisation - somme toute basique - est plutôt réussie, tout comme le peu de scènes d'action, j’étais d'ailleurs persuadé que tout ça allait démarrer d'un moment à un autre. Je pense toujours que Alberto Rodriguez en serait capable. J'ai d'ailleurs pensé que c'était son premier film. Erreur, c'est le deuxième. J’espère qu'il apprendra des siennes et continuera à faire des films.


A Truman Capote.

Pharcellus
6
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Merci UGC illimité! (enfin ça dépend hein...)

Créée

le 24 juil. 2015

Critique lue 442 fois

4 j'aime

Jean Danner

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