Loin des grosses cylindrées hollywoodiennes, "La Jalousie" est arrivée, inaperçue, dans les salles. Porté par Louis Garrel, ce film avait tout de la petite perle inattendue de cette fin d'année. Mais il a un tort, son titre n'est pas bon. En vérité, il aurait du s'appeler "La tristesse". Explications.
Tout d'abord, la tristesse se trouve dans le scénario, vide d’intérêt. L'histoire qui se compose est simple d'abord, un père divorcé rencontre une nouvelle femme. Davantage symbolique que narratif, il se distingue par son absence de structure. Chaque choix des personnages n'amène que peu de progression à l'intrigue et le film s'enraye dans une lenteur incommensurable. Certaines scènes auraient pu être puissantes et faire de ce drame romantique un chef d'oeuvre, mais c'était sans compter sur la construction du film.
Car la tristesse se repère aussi dans la mise en scène. Chaque plan dure une éternité et perd le spectateur dans un ennui abyssal. Jouant la montre pour prolonger un film qui est déjà court à la base, le réalisateur Philippe Garrel met en place une palette de scènes inutiles qui desservent au rythme de l'histoire, trop lent et peu accrocheur. L'utilisation du noir et blanc est à première vue une bonne surprise, mais passé le premier quart d'heure, le véritable emploi de cette technique est à remettre en cause, colorant l'image d'un gris insignifiant, faute de jeux de lumières convaincants.
La tristesse est aussi à déplorer chez les comédiens, qui sont parfois trop dans le sur-jeu, contrastant avec l'aspect réaliste que l'oeuvre cherche à se donner. Louis Garrel reste fidèle à lui-même, en séducteur de ses dames. Il s'engage alors dans un rôle qui connait sur le bout des ongles et reste à la limite de la suffisance. A ses cotés, Anna Mouglalis, vue dans "Gainsbourg, vie héroique", cherche le ton juste à donner à cette femme qui tente de sauver son couple. Mais le manque de complexité des personnages ne donnent pas de fil à retordre aux acteurs et la réalisation se veut un peu simpliste malgré elle. Mention spéciale tout de même à la jeune Olga Milshtein, incroyable de maîtrise dans le rôle de la fille de Louis.
Dans l'ensemble, le film est beaucoup trop facile, devenant parfois pompeux. Le cinéma indépendant a son lot de surprises et "La Jalousie" en est une mauvaise. Un peché pas capital dans la filmographie de Philippe Garrel, à qui on souhaite de faire mieux la prochaine fois. Mieux ou différent, au choix.