Un village des Alpes,en 1914.Le jour de la déclaration de guerre,une gamine,Angèle,12-13 ans environ,sauve un louveteau noir dont la horde a été massacrée par les affreux chasseurs locaux et le relâche dans la nature.Quatre ans plus tard,la guerre est finie et la fillette est devenue....Laetitia Casta,mannequin de trente ans!Eh oui,on pousse vite à la montagne,le grand air,tout ça.La "jeune fille" veut devenir vétérinaire,mais c'est réservé aux hommes en ces temps obscurantistes.Formellement,le réalisateur et scénariste Gilles Legrand réussit assez bien son coup.Superbes images,que la montagne est belle,scènes animalières saisissantes,bravo aux dresseurs,reconstitution d'époque impressionnante,c'est assurément de la belle ouvrage.Le reste n'est hélas pas à l'avenant.Le scénario mouline,s'égare,et finit par tomber en rade en même temps que l'avion dans lequel a pris place l'héroïne.S'ensuit alors une invraisemblable histoire d'amour qui piétine un max.Et surtout,le film s'abandonne à la règle en vigueur dans le ciné français d'aujourd'hui,la propagande lénifiante,moraliste et bien-pensante.Arrive donc l'inévitable cours magistral vantant les mérites de l'écologie,du féminisme et de l'immigrationnisme.Sans oublier la leçon pacifiste car,qui l'eût cru,la guerre c'est mal,paraitrait même que des gens y meurent.C'est ce qui est bien quand on enfonce des portes ouvertes,on ne se fait pas mal à l'épaule.Tout ceci est appuyé par un symbolisme prétentieux bien lourd.On sauve un loup le jour de la déclaration de guerre,le frère de l'héroïne est tué le jour où le conflit s'achève,et le film se clôt à la frontière italienne,avec des douaniers ritals qui font le salut fasciste.Ma pauvre dame,ça va recommencer,tout ça n'aura donc jamais de fin!Si vous avez envie d'établir un parallèle avec le monde actuel,ne vous gênez surtout pas,c'est fait pour.C'est qu'on est dans un film qui réfléchit aux grandes problématiques planétaires,non mais!Donc,l'écologie.Ceux qui pensent que les loups sont de féroces prédateurs qui s'en prennent aux troupeaux se gourent total.Ce sont tout au plus de gentils toutous sympas qui viennent gentiment vous lécher la poire,suffit de savoir les prendre.Et si vous avez été cool avec eux quand ils étaient petits,ils peuvent même vous reconnaître et vous protéger.On se croirait dans le calamiteux "Survivre avec les loups",adapté du bouquin de l'arnaqueuse Misha Defonseca.Le féminisme maintenant.L'héroïne veut prendre son destin en main,être libre,faire un métier d'homme.C'est une pasionaria de la guerre des sexes avant l'heure.C'est surtout une débile et une emmerdeuse,ce en quoi elle préfigure parfaitement la femme moderne.Enfin,le volet immigration.Presque tous les mecs du film sont des ploucs arriérés,mesquins,malintentionnés ,profiteurs de guerre à l'occasion et,naturellement xénophobes.De bons vrais français de souche,quoi.Seuls échappent à la vindicte de Legrand les deux étrangers de l'histoire,un paysan italien demeuré et un aventurier russe flamboyant.Ils échappent à sa vindicte mais pas à son sens imparable de la caricature,qui fait in fine de ces types des représentations parfaitement racistes.Le transalpin est une sorte de sauvage amoureux de sa mamma qu'il conserve au congélo,alors que le popof est aussi grande gueule qu'inconscient.Les personnages sont tellement chargés qu'ils entraînent leurs interprètes dans leur chute,principalement ce pauvre Stefano Accorsi,totalement en free style en mou de la tronche.Jouer les gogols demande beaucoup de doigté,mais l'acteur préfère y aller à la truelle et signe une des performances les plus ridicules de l'histoire du cinéma.Si on était aux States,il aurait récolté sans peine un Razzie Award.Le reste de la distribution est par contre d'une grande qualité,et nombre de formidables comédiens sont au générique.On peut les comprendre,faut bien qu'ils mangent.Sont présents,entre autres,Patrick Chesnais,Michel Galabru,Lorant Deutsch,Urbain Cancelier,Didier Bénureau,Laurent Gamelon,Jean-Michel Ribes.Chesnais et Gamelon ont été récemment partenaires au théâtre dans "Tant qu'il y a de l'amour",mais ils n'ont aucune scène commune dans le film.Mais celui qui survole le tout,c'est Jean-Paul Rouve,encore une fois magistral dans un de ces rôles de gandins présomptueux et malveillants qu'il affectionne.Quant à Laetitia Casta,malgré son personnage craignos,elle s'en sort honorablement,confirmant qu'elle est une véritable actrice.Et comme elle n'est pas avare de son intéressante anatomie,on prend un certain plaisir à la contempler.Petite anecdote:on la voit ici poser pour une statue de Marianne,ce qu'elle a réellement fait pour les bustes exposés dans les mairies.