La Jeune Fille et les paysans par Leodegar

Magnifique fresque du quotidien rural et pré-moderne, rendu avec beaucoup de subtilité et sans condescendance, le choix aussi de ne pas être complaisant avec une situation sociale sans non plus tomber dans le reproche et le misérabilisme. L'animation est pour ça un grand succès, apportant de l'intimité et du détail aussi bien aux corps, extrêmement mis en valeurs, qu'ils soient vieux, jeunes, féminins ou masculins, qu'à la terre. Les choix esthétiques, soucieux de rendre compte de l'ordinaire, ne se veulent pas pour autant naturalistes. Au contraire même, on est sur un quotidien légèrement romantique, où les couleurs, la nature fertile ou dangereuse et l'exhaltation des sentiments règnent en maître empêche. Ce souci empêche les partis pris simples et la "personnage-principalisation" (corrigez moi svp) de Jagna, et expriment très bien l'âme du collectif et du rural.

Bon certes, on ressent plus l'aspect conflictuel de la communauté rurale que l'aspect solidaire, les fêtes et les réunions étant plus un prétexte d'adultère et donc de la tragédie amoureuse qu'une fin en soi. Après, pour une fresque féminine, c'est pas décoooooonant non plus de montrer d'abord les torts de la société paysanne. Note spéciale à l'émeute frumentaire dans le film qui prend quand même le temps de poser quelques enjeux tangibles de cette société.

Enfin la femme du maire et de l'organiste sont un peu juste là pour verbaliser le patriarcat. Elles manquent donc un cruellement d'humanité. Le beau-frère est juste là pour greed l'héritage, on le voit même pas travailler à la forge. Mais je suppose qu'on a du faire des choix de narration et vu la nuance et l'intimité d'une bonne demi-douzaine de persos en 2 heures, c'est pas mal.