2009, c'est l'année où j'ai travaillé en tant que Laborantin dans un lycée. J'ai voulu être professeur il y a longtemps. J'ai préparé le CAPES, j'ai donné des cours à des élèves et je faisais du bon travail. Mais je me suis rendu compte d'un truc. Au CAPES, on n'apprend rien ; on ne fait que rappeler nos connaissances. Cela aurait du me suffire mais j'ai échoué et j'en garde un très mauvais souvenir. Puis je suis sorti avec une enseignante qui m'a dit que j'ai bien fait et que je n'avais rien perdu. Étrange non ? Car il y a une chose qu'on n'apprend pas au CAPES. On n'apprend pas à enseigner. On n'apprend pas à être professeur, mais des génies qui ont réponse à tout. Bref, quand on pense que les sorties de diplômes vont directement dans des ZEP....c'est chaud. Pourquoi je raconte ça ? Tout simplement parce que le film démontre par l'absurde ce qui peut arriver quand on n'a pas la force mentale ni l'expérience dans ce genre de cas. Mais ce film démontre aussi par l'absurde qu'un sujet de cet ampleur aurait mérité un film infiniment plus percutant dans son message.
La journée de la prof
Au niveau de la réalisation, c'est un film qui n'est pas filmé comme un téléfilm. Il y a pas mal de plans qui font sens et d'effet de mise en scène bien employée. Ils sont très raccords avec l'intensité et l'ambiance oppressante que le réalisateur veut instaurer. Bon ce n'est pas parfait et il y a des plans où la caméra tremble mais c'est un peut localiser. La musique de l'ending est classe et tout est fait pour qu'on se sente investi. Bref, rien à signaler. Par contre, là où ça va se gâter, ce sont les personnages et l'histoire. Parce que là il y a des choses à dire.
Au théâtre de madame Bergerac
Tout d'abord, nous avons Sonia Bergerac (Isabelle Adjani) qui est une professeur un petit peu dépasser par les événements et qui n'a pas du tout d'autorité et qui décide de se faire entendre en prenant l'arme de Mouss. Déjà, même si le pouvoir de l'arme est artificiel, on sent bien qu'elle essaye de s'en servir mais on voit aussi qu'elle n'est pas maîtresse des de la prise d'otage. Sous l'effet de la panique, elle est consciente de son geste et ne veut plus se passer pour une victime. On arrive à s'identifier à elle et à prendre parti dans son combat.
Le brigadier-chef Labouret (Denis Podalydès) est le négociateur tout ce qu'il y a de plus classique. Il n'est là que pour négocier. On sent qu'il est dans une situation auquel il tente de désamorcer mais de plus en plus il semble perdre lui aussi le contrôle des opérations, au profit de la ministre de l'intérieur (Nathalie Besançon) qui ne semble pas coopérative.
Quant aux élèves on a du classique, entre Mouss (Yann Ebongé) est le caïd qui se croit malin, mais finalement est l'archétype même du branleur (autant dire les choses comme elles sont), Sébastien (Kévin Azaïs ) qui est l'acolyte, Farid le souffre douleur, la fille qui est martyrisée à cause de sa religion etc etc. Bref on n'est en terrain connu. Mais il s'agit d'un bon terrain afin de voir un peu les clichés d'un établissement Z.E.P et de jouer avec ses clichés.
Quant aux corps enseignant, il y a le principal (Jackie Berroyer) qui est quelqu'un qui se déresponsabilise bien vite de la situation (alors que c'est son établissement) et la collègue Cécile (Anne Girouard, Guenièvre de Kaamelott) qui est un peu plus impliquée pour essayer de la raisonner et qui comprend ce qu'elle fait. Par contre les parents de Sonia...il n'y a pas une erreur de casting là ?
Je sais qu'elle joue le rôle d'une institutrice juive (enfin je crois) mais, ce n'est pas le casting que je pensais.
Et son mari qui est juste oubliable. Il apparaît dans 2 scènes et c'est tout.
Et maintenant que j'y pense, où est la scène qui dit qu'ils sont séparés ?
Et c'est là le problème. Le film possède tout ce que je n'apprécie pas dans certaines productions françaises récentes. Les dialogues. Je ne critique pas les répliques, il y en a qui sont vraiment stupides mais ça fait sens. C'est plutôt de la manière dont ils les délivrent. On me reproche souvent de ne pas articuler et bien ce n'est rien à coté du film. Des fois c'est incompréhensible avec des niveaux de sons vraiment insupportables. Et cela fait vraiment dans tout le film. A plusieurs reprises cela m'a fait sortir du récit tellement je ne comprenais rien. Et on va passer à l'histoire.
Z.E.P mode d'emploi
L'histoire est bien racontée, malgré quelques coquilles. Le message est limpide : Le respect de sa condition de femme et d'institutrice. Mais par delà de ça, le film est un bon terrain de jeu afin que les élèves les plus renfermer se dévoilent et se révoltent. Et ça c'est bien vu. Le problème du film est comme chaque film français avec une tel sujet, est de ne pas aller jusqu'au bout du processus. J'ai l'impression que les réalisateurs français ne savent pas qu'un film doit aussi s’interroger lui-même. Le message du film est obvius, il faut que les Z.E.P sont dures, il faut comprendre la condition des professeurs etc. Merci film ! Je lis les journaux et en 2016 les choses sont pareilles donc tu n'as pas eu l'impact recherché ! Le problème film est que tu lances bien plus d’interrogation intéressantes mais tu ne réponds pas
Le combat de Sonia est aussi sur les conditions de la femme et le fait qu'elle a le droit de porter la jupe sans que ce soit indécent et tout ce que tu nous montres est son enterrement qui se conclue par un scène (très belle) où ses élèves féminins portent des jupes en guise d'hommage. C'est tout ?
Le fait que Mouss reflète le malaise des banlieues est complètement passée sous silence
La déresponsabilisation du principal, on s'en moque
Les contre-vérités nées par la peur
Les conséquences de l'acte passé sous silence
Oui tout ce que le film montre est que les Z.E.P sont dures mais ne va pas plus loin. Du coup, là où on aurait du avoir un message aussi percutant. Cela dit je me plein à moitié car ce film a eu un impact saisissant dans les milieux lycéens (surtout en 2014). Et Isabelle Adjani a même ajouté
Une jupe, ce n'est qu'un bout de tissu, mais qu'elle soit courte ou qu'elle soit longue, ce symbole peut nous aider à gagner une bataille contre l'obscurantisme, et même contre ce qu'il convient d'appeler, la haine des femmes
Intention louable mais il est dommage qu'il n'y a que ça que le film envoie comme message alors qu'il y en a bien plus. Et c'est ce que je reproche un peu aux films français de nos jours qui sont un peu engagés; ils veulent dire trop de choses pour un message réduit au minimum. Quant on envoie autant de piste, à défauts de tous résoudre, de nous donner des questions de réflexions, pas de nous laisser avec des réponses réduites à des choses aussi évidentes. Et ça c'est un manque.
Le téléfilm à César
Ce film n'est pas mauvais et est engagé mais incroyablement simpliste dans son traitement. César 2010 de la meilleur actrice pour Adjani, elle le mérite certes. Mais le film ne va pas au bout de toutes ses idées. Seulement de ce qu'il veut nous montrer et que malheureusement on sait déjà. On dit que le savoir est une arme. Mais la façon de la transmettre aussi. Et tant que le CAPES ne nous apprendra pas à transmettre et ce qui réussissent dont des génies en nœud pap (si si il y en avait dans ma salle) ce n'est pas gagné pour avoir de bons profs. Au moins je sais, qu'en terminal j'ai le niveau pour créer des bombes. C'était très marrant à les montrer aux élèves...