Oui je sais, voilà un film dont les détracteurs sont au moins aussi nombreux que les adeptes : si je devais essayer de comprendre le pourquoi de la chose je dirais que pour beaucoup ce n'est pas du cinéma en tant que tel, mais bien plutôt une fiction caricaturale et bourrée d'invraisemblances, la vision d'un cinéaste qui se dit apolitique, tentant de retranscrire une réalité, celle de la violence en milieu scolaire, dans ce qu'on appelle les ZEP.
Comment ne pas évoquer le film de Laurent Cantet Entre les murs, mais celui-ci à la puissance 10 car il s'agit d'une violence terrible, incontrôlable.
À l'écran que voit-on ?
Une classe de français qui débute en retard, une horde d'adolescents qui hurlent et s'insultent, une bousculade monstre qu'une femme a bien du mal à canaliser.
Chahut, quolibets et injures fusent de toutes parts, mais la comédie prend fin quand un révolver tombe du sac de Mouss, le caïd de la classe.
Bien sûr tout cela a un goût d'invraisemblance prononcée mais sans doute suis-je très bon public, je n'ai pas vraiment tiqué, prise par la conviction et le jeu extrêmement investi de Isabelle Adjani parfaite dans ce rôle de femme tendue, exaspérée, et qui au comble de la frayeur braque ses élèves, les transformant en otages.
A l'extérieur, où la police tente un dialogue, la tension est devenue palpable, tandis que l'enseignante enfermée dans sa classe se transforme en justicière armée, s'attaquant verbalement, et devant des élèves sidérés, au racisme, à la religion et au machisme, ces fléaux qu'elle doit supporter quotidiennement, et qu'elle fait exploser avec désespoir et jubilation.
Plus que la violence en milieu scolaire, ce sont surtout les peurs qui sont montrées du doigt, celles dont on n'ose extirper les racines, auxquelles on finit par s'habituer, et qui mènent au chaos social.
Un film fort malgré ses défauts et ses outrances, remarquablement interprété, et aux accents de vérité indéniable.