Marcel Aymé fustige dans "La jument verte" - cet animal phénoménal qui a introduit la rivalité et la jalousie entre deux familles- les querelles de clochers et la médiocrité des ruraux. Pourtant, malgré cette matière, Claude Autant-Lara se laisse aller au plus facile: une caricature paillarde dont la truculence n'entraine pas forcément une satire de moeurs très significative. Pour tout dire, l'intrigue, faite de lettres volées et de coucheries avec sa voisine ou avec l'Allemand, n'est guère amusante. Et ce florilège de méchancetés, d'injures et de dénonciations est vain tant les personnages semblent outranciers, éloignés des contingences véritables de la campagne. En dépit de quelques moments heureusement plus amusants, les comédiens sont assez peu convaincants dans le registre de la trivialité. On le regrette en particulier pour Yves Robert dans le rôle trop épisodique de Zèphe Maloret, l'ennemi héréditaire des Haudouin- et par ailleurs bien meilleur adaptateur de Marcel Aymé ("Clérambard"). "La jument verte" est un film plus grossier que grinçant.