Critique rédigée en juin 2017


C'est aujourd'hui, à l'occasion de la Fête de la musique, que j'ai décidé de me refaire en version originale le dernier film de Damien Chazelle, plébiscité par la critique lors de sa sortie: La La Land, comédie musicale déjà culte à juste titre mettant en scène Ryan Gosling, déjà connu pour Drive, Only God Forgives ou encore N'oublie jamais, ainsi qu'Emma Stone, célèbre pour Bienvenue à Zombieland, The Amazing Spider-Man et Birdman.


Cette merveille auditive et visuelle narre de deux jeunes gens ambitieux, Mia et Sebastian à Los Angeles. Elle est serveuse dans un bar et rêve de briller sous les étoiles d'Hollywood, lui est pianiste, sous la direction d'un patron autoritaire, et rêve d'être jazzman célèbre ; tous deux partiront ensemble à la recherche de la gloire, et du bonheur.


On avait compris avec ses deux premiers films, Guy and Madeline on a Park Bench et Whiplash, que la musique était un art essentiel de l'univers de Damien Chazelle. La chose se confirme avec La La Land, cette merveille, cette bombe cinématographique comme on en voit à peine tous les dix ans dans le cinéma américain.
Il est bien loin le temps où Hollywood était une impressionnante et géniale usine à comédies musicales telles Chantons sous la pluie, Un américain à Paris, West Side Story, Une étoile est née, My Fair Lady, Grease, etc. Le film en est un brillant hommage ; en effet Chazelle a lui même confié son amour pour le genre, plus particulièrement pour les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. Parler de ce dernier pour moi, c'est comme s'aventurer sur un terrain interdit, une armure inviolable puisqu'entre ce film et moi c'est une bien longue histoire: il s'agit bien plus de la meilleure comédie musicale française à ce jour, bien plus que le meilleur film français et la meilleure comédie musicale à ce jour (donc High School Musical, Camp Rock, Nine et compagnie allez voir ailleurs !): Les Parapluies de Cherbourg est mon film, mon oeuvre cinématographique préférée. A ce jour, aucun film ne m'a autant ému de ma vie (et dieu sait qu'elle est courte et que j'en ai vu, des films), jamais les thèmes de la passion amoureuse, de la famille, des conséquences de la guerre n'ont été aussi bien traités. J'ai beau avoir vu (ou écouté ^^) ce film au minimum 20 fois, il me fait toujours autant d'effets, même 50 ans après.
Ce fit donc déjà un bon paquet de raisons pour lesquelles je suis allé voir (puis revoir [MàJ] et rerevoir) La La Land, qui assurait donc d'être un gros défi pour moi, alors ignorant de la filmographie générale du réalisateur actuellement âgé de 32 ans, et déjà promis à un avenir cinématographique brillant, au même titre que le québécois Xavier Dolan.


Au final, ma place de cinéma avait beau se situer au premier rang (voilà), le film avait beau être visionné en VF... Je suis tombé sur le charme du film dès les premières notes, dès que la première chanson, Another day of sun a retenti, je suis reste complètement scotché à mon siège, impressionné par la créativité des chorégraphies et de la mise en scène. Donc une introduction débutant rapidement mais très efficacement.


Chazelle réalise par la suite un vrai tour de magie de 2h10 en rendant hommage à la tradition tout en signant le film d'une période: les années 50. Si le film se déroule à une époque indéterminée (je pense que le film se déroulerait aujourd'hui puisque Mia a une Prius Hybride et qu'en plus on entend la sonnerie de l'Iphone quand la chanson A Lovely Night se termine), les thèmes de la musique (le jazz) et du cinéma (la comédie musicale) durant les années 50 représentent l'âge d'or d'Hollywood et des stars telles James Dean, traité ici par la vision d'une projection de La Fureur de vivre, plus particulièrement du premier extrait se déroulant à l'observatoire Griffith ; à la suite de l'apparition de cet extrait,


Chazelle remake celui-ci pour ensuite laisser place à l'un des plus beaux moments du film: la fameuse scène de la danse dans les étoiles, bercée par la sublimissime bande-son de Justin Hurwitz, auteur des autres bandes originales de Chazelles, dont celle du limité et méconnu Guy and Madeline on a Park Bench,


au titre faisant d'ailleurs référence au nom du couple à la fin des Parapluies de Cherbourg (ceux qui l'ont vu verront bien de quoi je parle) ; il s'agit donc d'une première tentative d'hommage au genre, mais la méconnaissance du film aux yeux du grand public a empêcher le réalisateur de le montrer.


Par ailleurs, La La Land possède multiples références aux autres comédie musicales: notamment, à


Chantons sous la pluie dans la scène des danseurs avec les parapluies à la fin du film,


Les Demoiselles de Rochefort, de Demy, avec les marins dans cette même scène finale,


Et, sans oublier,


Les Parapluies de Cherbourg ! Le dernier regard entre Sebastian et Mia est quasi-identique à celui entre Guy et Geneviève dans les Parapluies, un adieu, puis un retour à la normale, comme avant. Sauf qu'ici, les deux amants sont séparés non par la guerre, mais par la gloire. En effet, après l'ellipse "5 ans plus tard", nous remarquons que Mia est heureuse, donc que la gloire est venue à elle, qu'elle a un enfant, mais que Sebastian n'est plus avec elle ; il est devenu pianiste de club de jazz, son rêve depuis le début du film, tel le dernier cadre spatio-temporel des Parapluies: plusieurs années après avoir été séparés, l'homme retrouve la femme là ou ils souhaitaient être, ensemble.


Et dieu que c'est beau, les deux scènes des deux films m'ont fait pleurer de beauté à chaque visionnage.


Sinon, à part ça le film fait aussi référence à de multiples artistes ou groupes musicaux de l'époque jusqu'aux années 1980, notamment grâce aux mentions entre autres, de Thelonious Monk ou l'apparition de Wake me up before you go-go de Wham!, groupe anglais légendaire des eighties mené par le bien regretté George Michael, nous ayant quitté un mois avant la sortie française du film le 25 janvier 2017 (donc le 25 décembre 2016).


Enfin, le film présente une palette de personnages précis, colorés par des costumes magnifiquement conçus. Mia Dolan (Emma Stone), représente


l'ambition, la solitude aux premiers abords, puis l'exigence qui vire à l'arrogance, nous fait tirer une morale qui ne m'a fait tilt qu'au second visionnage, celle que la gloire n'est pas le paradis, que nos rêves ne seront jamais réellement achevés, du moins, pas tous ensemble.


Quant à Sebastian (Ryan Gosling), il est attachant, passionné et, dirigé par Chazelle, fait alterner le spectateur entre séquences romantiques belles, colorées et jamais mièvres et interludes plus vifs. Sinon, J.K. Simmons, le professeur de batterie tyrannique du précédent Chazelle, Whiplash, incarne là aussi l'énergumène qui mènera le personnage principal à bout de nerfs, et ainsi lancer l'intrigue, par la rencontre entre les deux personnages.


Ainsi, La La Land représente tout le futur du bon cinéma actuel puisqu'il possède bon nombre de qualités indéniables que je viens de traiter dans le plus long pavé que j'ai fait, et que les deux acteurs principaux, d'ores et déjà célèbres (leurs statues de cires entreront au musée Grévin à Paris en fin d'année: j'irai leur dire bonjour au plus vite!) et placés au plus haut dans les stars américaines les plus influentes de la nouvelle génération. Un sublime feu d'artifice qui peut aussi se déguster sans les images.


Je dois vous laisser, la Fête de la musique n'est pas terminée. Et ne l'est pas encore pour vous !

Créée

le 18 déc. 2020

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