C'est une histoire d'amour qui s'ébauche dans un décor insolite et qui s'appuie sur des incidents dramatiques tout à fait singuliers.
Dans une forêt dense et marécageuse de Nouvelle-Zélande, l'existence d'une jeune veuve muette, médiocrement remariée à un colon, ne semble plus s'exprimer que par la voix de son enfant et par les notes d'un piano. L'instrument, objet surréaliste quand il est posé sur une plage ou transporté au coeur de la forêt est, par son étrange présence, un personnage à part entière par lequel Ada et son amant -puisqu'amant il y a- apprendront à s'aimer malgré la jalousie de l'époux humilié.
On ressent, au début du film, comme une certaine affectation dans la gravité; mais la suite produit, par la qualité humaine, psychologique, de personnages attachants, de beaux et véritables élans dramatiques. La mise en scène de Jane Campion est forte par sa capacité à restituer sans emphase ni pathos la douleur des protagonistes, leur émotion simple et vraie, tout en procurant des scènes d'une grande beauté formelle. D'autres fois, la cinéaste mêle à l'âpreté des sentiments une sensualité inattendue.
Au-delà de sa réalisation très sensible, on découvre un casting remarquable, parmi lequel la très talentueuse Holly Hunter substitue à son mutisme des regards d'une profonde intensité.
Une belle histoire indéniablement.