Pauvre Renny Harlin. Il est de ces réalisateurs incompétents où l’on arrive à un stade de pitié, de compassion presque. Désormais pas loin d’être le Uwe Boll finlandais, l’ex-réalisateur de Die Hard 2 a prouvé qu’il était incapable de vivre avec son temps et d’être le yes-man de la situation, coltiné depuis des lustres à mettre en scène des blockbusters péraves sans pouvoir maîtriser son budget, les méthodes et encore moins la technologie actuelles. Il revient donc en 2014 dans la nouvelle guéguerre des projets concernant Hercule face à un autre incompétent (dont la pitié est remplacée par une aversion profonde) : Brett Ratner et ses Guerres Thraciennes. Et si ce dernier a pondu un film relativement décevant mais comportant néanmoins quelques passages efficaces et un Dwayne Johnson au capital sympathie inébranlable, Harlin en a proposé l’inverse.
Avec son casting du pauvre (Kellan Lutz, Scott Adkins et une ribambelle d’acteurs issus de séries TV), son scénario bordélique, ses effets spéciaux d’un autre temps, sa 3D effrayante et ses références filmographiques honteuses, La Légende d’Hercule relève de l’indigence la plus totale. En effet, le film est une honteuse collection de tous les péplums sortis ces vingt dernières années, où notre héros tente de renverser le pouvoir de son diabolique de frère en devenant d’abord gladiateur, puis un bref instant héros des opprimés et enfin pourfendeur du mal lanceur d’éclair, le tout après une introduction ringarde où le réalisateur réussit l’exploit de singer 300 sous toutes ses coutures en seulement cinq petites minutes.
Abusant de la slow-motion pour faire ressortir constamment une 3D dégueulasse entourée de décors numériques mal incrustés, filmant sans sourciller des dialogues de série Z interprétés par la crème des acteurs inexpressifs et ponctués de quelques lens flares sirupeux, Renny Harlin livre presque consciemment un nanar onéreux qui ne trompe personne. Tout était voué à l’échec : les producteurs des Expendables ont quand même embauché le scénariste de Halloween Resurrection et Conan et le réalisateur qui avait coulé Carolco Pictures pour un budget de 70 millions de dollars. Résultat : un échec au box-office, six nominations aux Razzie Awards et la fin de Renny Harlin à Hollywood, parti depuis faire des siennes en Chine. Reste de cette Légende d’Hercule un bon gros nanar des familles pour les amateurs du genre à ranger aux côtés de La Revanche de Samson ou encore du Hercule avec Lou Ferrigno.