La blessure est un épisode déroutant de la saga. Alors que depuis 23 épisodes on est habitué à un schéma répétitif, ici le schéma est malmené. On perd ses repères :
- Il comporte des scènes de sexe plus explicites que d’habitude dont une avec Zatoichi ce qui est une première dans la saga.
- Zatoichi s’est donné la mission d’arracher Nishikigi à une maison close après avoir provoqué de manière accidentelle la mort de sa mère. Or la fille ne tient pas plus que ça à quitter sa condition.
- La blessure met en scène deux personnages : une jeune fille obligée de se prostituer pour éponger ses dettes et son petit frère sans que Zatoichi entre en relation avec eux, il ne les voit pas. Ces personnages n’existent que pour le spectateur. De même que les pêcheurs malmenés et exploités par les yakuzas. Comme si Zatoichi passait à côté de quelque chose, de l’aide qu’il s’efforce d’apporter partout où il passe, même s’il le fait souvent en râlant. Il est ici simplement obsédé par son besoin d’apaiser sa conscience, ce que Nishikigi a bien compris :
Je te demande pourquoi tu m’as rachetée ? C’est vraiment pour ma mère ? Non, tu l’as fait pour toi-même. Rien que pour toi et personne d’autre. Pour soulager ta conscience.
- Zatoichi se trouve pour la première fois gravement blessé et cela d’une manière odieuse
- La finale semble n’apporter aucune véritable conclusion
- l’humour tellement présent d’habitude est ici quasiment inexistant.
Qu’est-ce qui explique ce changement de ton et cette liberté prise avec les codes de la saga ? La blessure a été réalisé par Shintarō Katsu qui incarne Zatoichi. Voilà qui est très intéressant car cela lui permet de faire passer à l’écran sa propre vision de son personnage qu’il campe depuis 23 épisodes. Non seulement les codes sont modifiés mais la réalisation elle-même se démarque également des épisodes précédents : plans très rapprochés sur les visages, cadrages sur divers parties du corps, caméra à l’épaule lors de la confrontation entre les yakuzas et les pêcheurs, l’emploi de ralenti, la succession d’images rapides. Cela donne souvent une impression de maladresse et pourtant cela sert le propos de cet épisode qui est particulièrement sombre, violent, sanglant, sale et cruel. Rien de raffiné ici ! Rien d’émouvant, de touchant !
Zatoichi est plus que jamais un anti héros. Ici il ne sauve réellement personne ! Il est passé à côté du drame des pauvres gens, il a aidé une fille qui ne lui demandait rien, il a laissé mourir des innocents sans se préoccuper d’eux. Zatoichi est un être humain comme les autres et non un héros invincible et parfait.