Zatoichi rencontre une vieille sur un pont et la fait tomber sans faire exprès. Pris de remords, il part à la recherche de sa fille, prostituée à Ogiya, en bord de mer. Le village de pêcheurs est martyrisé par un oyabun qui agit en cheville avec un armateur qui fait détruire les barques des petits pour installer son monopole, et ce salopard lorgne une jeune prostituée qui vit pour son petit frère. Mais Zatoichi ne voit rien de tout cela : il rachète la fille de la vieille, qui se révèle peu reconnaissante car c'est une prostituée-née. Mais la tête de Zatoichi étant mise à prix, il est cerné par tous les yakuzas du coin et - fait inouï - il est blessé aux deux mains avec un harpon. Comment va-t-il s'en sortir ? En utilisant ses dents pour attacher son sabre à son poignet. Et voilà comment on rend la justice en tuant une vingtaine de yakuzas malgré deux mains transpercées.
Drôle d'épisode, mais qui colle bien à l'ambiguïté du personnage de Zatoichi. J'aime beaucoup les décors, que ce soit le pont de lianes au début ou le village de pêcheurs, sans compter le quartier rouge, avec toutes ses enseignes multicolores en papier qui préfigurent le Tokyo moderne. Pour la baston, ce n'est pas l'épisode le mieux chorégraphié, en revanche il y a un vrai travail sur la lumière, avec notamment ces magnifiques reflets du soleil sur la mer qui apportent un sentiment de destinée et de nostalgie, ou encore les jeux sur les stores en paille, qui dessinent des crénelages sur les visages. Je pense que cet opus a pu inspirer le Watanabe de "Samurai Champloo".
Un gros point fort vient de la musique, qu'il s'agisse du registre traditionnel des chanteuses au shamisen ou d'une musique d'ambiance très seventies, avec des congas, une ambiance élégante et relâchée.
Les personnages ne sont pas très fouillés, ici, même si l'interprétation tient la route. Il n'y a qu'un balèze un peu noble, mais sa fin est peu spectaculaire et pour le reste, les méchants sont peu individualisés, ça fait plutôt horde dans cet opus. La triche aux dés rejoue, en revanche, la scène du tout premier épisode, avec un effet de surenchère. C'est surtout la corruption morale, la bassesse, le langage à la limite de la vulgarité et surtout la violence qui éclatent aux yeux du spectateur.
Un chouette Zatoichi, pas un chef d'oeuvre mais il arrive à se démarquer.