Ce cinquième opus du coffret Wildside est bien plus noir et sans concession que les précédents. On y découvre un Zatoichi qui laisse de côté son côté quelque peu nonchalant pour réellement s'impliquer dans le sort d'un village de paysans malmenés par leurs dirigeants. Et si dans les autres épisodes la bonne humeur et la légèreté étaient de mise, virage est pris ici pour faire du gentil masseur un instrument de justice aussi fatal que déterminé.


Shintaro Katsu, plus que jamais, s'investit corps et âme dans son rôle; impressionnant de justesse, il livre une prestation sur le fil entre espoir de justice et soif de revanche. Le climax final est à mon sens l'un des plus terribles que j'ai pu voir jusqu'ici dans cette saga et confère au personnage une nouvelle facette. Celle d'un homme qui n'hésite pas à aller vers ses ennemis, rage au ventre, arme au poing, pour rétablir une quelconque justesse d'équilibre. Porté au combat par des paysans qu'il a réussi à conquérir, cette scène donne une ampleur considérable au sabreur aveugle.


En outre, Le justicier se démarque aussi des précédents épisodes de la saga par son script très dense. Plusieurs lieux, plusieurs petites histoires pour servir un semblant de complot politique qui sert de base à une critique acerbe de la société japonaise à une époque où les inégalités sociales étaient très marquées. Sans réel pouvoir de révolte, les paysans se laissaient manipuler par des puissants avides de richesse et de pouvoir. Zatoichi est un électron libre qui gravite entre les deux camps, celui qui peut faire pencher la balance de l'un, ou l'autre, des côtés.


Bref, un épisode de superbe facture, à la réalisation aussi léchée que maîtrisée, qui livre un savoureux quota de duels énervés pendant lesquels les membres prennent la poudre d'escampette sans qu'on les y invite. Zatoichi y acquiert une envergure remarquable et continue de construire le mythe d'un anti-héros redoutable qui n'hésite plus à faire le premier pas pour rétablir l'ordre des choses. Une nouvelle marche de gravie dans une épopée fougueuse qui sait sans mal se rendre passionnante.

oso
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le 28 janv. 2016

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oso

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