Ce nouvel épisode de Zatoichi est le premier réalisé par Kazuo Ikehiro. Il s’ouvre sur la silhouette de notre anti-héros se battant avec des adversaire sur un fond noir, lui donnant ainsi un statut iconique.
Zatōichi senryō-kubi est particulièrement dramatique et nous sort de l’impression de répétition des épisodes précédents. Zatoichi se rend dans un village, sur la tombe d’un homme qu’il a tué 3 ans plus tôt par erreur, un simple paysan. Il arrive en plein milieu d’une fête et nous avons plaisir à le voir se détendre, boire avec les paysans et jouer du tambour. Les paysans ont réussi à réunir avec beaucoup de difficultés la somme de 1000 pièces d’or pour payer la taille seigneuriale à l’intendant. Ils sont soulagés et heureux ! Moment d’insouciance que Zatoichi partage avec eux mais de bien trop courte durée … Le lendemain, l’argent est volé et Zatoichi est accusé du vol ainsi que Chuji, ami de Zatoichi, un yakuza réfugié dans la montagne avec son clan. Zatoichi s’engage alors à retrouver et restituer l’argent aux paysans.
Durant cette recherche, il est amené à se battre à plusieurs reprises. De belles scènes différentes les unes des autres. Il apparaît comme jamais un maître sabreur, capable de se battre tout en restant assis et en fumant tranquillement, ou bien en protégeant un enfant d’un bras et en se battant de l’autre contre des dizaines d’assaillants dans les bois. Quand il ne se bat pas, il amasse de l’argent au jeu et défié par Jushiro, le maître du lieu il fend une piécette en deux au simple bruit qu’elle fait en retombant dans les airs.
Toujours aussi rusé, il se débarrasse d’un garde en l’appâtant avec de l’argent puis le tue en disant : « Idiot ! Aveuglé par l’argent ! J’aime pas les voyants ». C’est bien le paradoxe de son personnage. Aveugle, il voit mieux que ceux qui l’entourent. Les aveugles ce sont les puissants, les violents, les riches.
La tonalité de l’ensemble est plus rude que les épisodes précédents. Ainsi, les paysans sont soumis à des séances de torture pour avoir osé se plaindre à l’intendant ce qui est interdit par la loi. Ou encore le combat final entre Zatoichi et Jushiro qui est particulièrement violent, son adversaire attrapant Zatoichi au lasso et le traînant à terre avec son cheval.
L’esthétique du film d’Ikehiro est soignée, nous offrant de très beaux plans tels ces hommes avançant en file indienne dans la montagne boisée portant des flambeaux. Belle procession, qui n’est malheureusement pas pacifique…
Zatōichi senryō-kubi est moins profond que les précédents du point de vue psychologique, mais c’est un épisode divertissant, agréable à suivre par son histoire et son rythme soutenu, les scènes de combat sont nombreuses. Zatoichi est ici celui qui rend justice aux pauvres, à ceux qui n’ont aucun moyen de se défendre contre l’injustice et contre les puissants qui ont tout pouvoir sur eux. Non seulement celui de les taxer mais encore celui de les voler et de les mettre à mort s’ils le veulent !