Voici donc le premier film de l'Empereur… Et c'est clairement pas un chef d'œuvre. N'oublions pas quand même qu'il a été charcuté par la censure fasciste de l'époque, la version originale étant désormais un lost media. Le film a probablement été marquant à sa sortie, et il a d'ailleurs été salué par Ozu, mais avec le recul, il est peu intéressant. L'histoire est linéaire, et beaucoup trop simpliste : un jeune homme souhaitant apprendre les arts martiaux se tourne finalement vers le judo, s'entraîne et combat des adversaires, ce qui lui permet d'en apprendre plus sur lui, le tout avec une histoire d'amour avec la fille d'un rival. Un film d'apprentissage hyper classique et sans grand intérêt, avec des scènes vraiment trop exagérées (quand il passe la nuit dans la mare pour se réveiller aux côtés d'un nénuphar grâce auquel il a une révélation, d'accord). On trouve quand même déjà le début du style de Kurosawa : des longs plans silencieux en contraste avec les scènes d'action pour lesquelles la caméra est hyper dynamique, une attention au visage des acteurs et actrices, et des mises en scène millimétrées. C'est aussi la première collaboration entre Akira Kurosawa et Takashi Shimura, qui s'étendra jusque 1980. C'est vraiment émouvant de voir l'acteur, clairement le meilleur dans ce film avec son jeu déjà si particulier entre violence et bonhommie et qu'on retrouve dans presque toutes les œuvres de Kurosawa, dans ce premier film.