Le film d'espionnage est un genre qui a toujours été assez délaissé jusqu'à ce qu'il soit trusté par la série des JAMES BOND dans un style purement divertissant depuis les années 1960. Seuls 3 films sérieux sortent du lot et ont marqué durablement les esprits par leur réalisme qui contraste absolument avec les aventures parfois grotesques (Roger Moore, Pierce Brosnan) de 007 : L'Affaire Cicéron (J. Mankiewicz, 1952), L'Espion qui venait du froid (M. Ritt, 1966) et La Lettre du Kremlin (J. Huston, 1970). Dans ce dernier film, la première partie (qui n'exclut pas l'humour - cf. l'ouverture d'un coffre-fort avec les pieds) est particulièrement intéressante car elle a le mérite de montrer la manière dont se monte une opération d'espionnage. Principe repris par Kubrick 17 ans plus tard dans Full Metal Jacket qui nous présentait la formation des G.I.s avant de partir au Vietnam. La seconde moitié du film est plus conventionnelle et difficilement compréhensible au premier visionnage, mais la question n'est pas là. Le sujet de Huston est avant tout concentré sur les personnages, tous plus froids et infects les uns que les autres. Et puis il y a l'immense George Sanders en grande folle qui fait son tricot. Rien que pour ça, il faut voir ce film méconnu et oublié de l'excellent John Huston.