Je tiens à dire, j'en suis assez fier, que j'ai réussi à tenir jusqu'au bout. L'envie ne m'a pourtant pas manqué de fuir en courant sans me retourner. Mais s'agissant des films de guerre, j'ai toujours l'espoir de la rédemption et l'envie irrépressible de savoir comment cela va mal se terminer.
Pour résumer, on croirait un film de 2020 tourné sur un scénario de 1953, écrit par la propagande stal et repassé au polish hollywoodien. Un genre de pire des deux mondes.
Soyons juste, niveau pyrotechnie c'est impeccable, rien à redire. De chouettes explosions, des bruits de balles qui sifflent, du bandage, du sang, de la boue, du ralenti en veux-tu en voilà. Et cette lumière grisâtre qui crie "attention, film vrai et cru".
Je ne vais pas me lancer dans une critique de geek du matos du guerre, savoir si le canon de 135 utilisé avait la bonne manivelle ou si celle-ci n'est apparue qu'en 1943 m'est totalement indifférent. Il me paraîtrait d'ailleurs saugrenu (mais pas impossible) qu''un film aussi simpliste dans sa peinture des sentiments humains et approximatif dans sa réalisation accorde une attention maniaque à l'exactitude historique.
Je vais mettre les choses au clair aussi, je n'ai rien contre la diabolisation des Nazis, même si j'ai entendu dire qu'il y en avait des sympas et qui adoraient leur chien.
En revanche, le matériau historique étant ce qu'il est, était-il indispensable d'en rajouter des caisses dans le registre héroïco-nationaliste?
Ces pauvres gamins se sont sacrifiés pour la défense de Moscou, c'est déjà assez dramatique comme ça, un peu de sobriété dans le traitement n'aurait pas nuit à l'intérêt du film.
Malheureusement, pour être sûr qu'on pleure bien à la fin, l'aquarelle a été peinte à la truelle: histoires d'amour inutiles à l'histoire (mais censées favoriser l'identification et l'adhésion du public féminin), buddy stories, officiers invariablement bienveillants voire héroïques...
Manque de nuance, manque de complexité humaine, d'ambivalence, à part un peu de jalousie et d'orgueil, ces personnages sont tellement taillés dans le marbre dont on fait les mausolées qu'il devient paradoxalement difficile de s'y attacher.
Bref, hourra, le cinéma russe montre qu'il n'a rien à envier au plus conformiste cinéma de guerre américain.