Que ne lit-on pas ici sur ce film.
Ne croyez pas ceux qui parlent de Casablanca, ceux qui trouvent l'histoire inintéressante ou irréaliste, ceux qui trouvent qu'il y a trop d'Hemingway et pas assez d'Hawks là-dedans,ceux qui trouvent que c'est juste un bon petit film rendu célèbre par la rencontre entre Bocall et Bagart.
Pour moi, tout ceci est à coté de la plaque. Déjà, contrairement à Casablanca, ce n'est pas un film politique: Bogart n'accepte d'aider la Résistance que contre monnaie sonnante et trébuchante, il se fout de qui fait quoi, ce n'est pas sa guerre, il n'y comprend rien. Ah non, Vichy cogne les femmes, donc il est contre, ce sont de mauvais professionnels.
Bogart est un héros hawksien typique: il est pro, il est bon dans ce qu'il fait il ne se laisse pas mener en bateau (mouarf), il méprise les gens qui ne connaissent pas leur boulot.
Plutôt qu'une simple histoire d'amour, c'est en fait une double histoire d'amour: celle entre Slim et Steve, bien sûr mais aussi celle entre Steve et Eddie, pas moins importante et qui en dit beaucoup sur la personnalité de Steve.
Steve et Eddie sont un couple, peut-être plus encore que Steve et Slim. Steve reste avec Eddie en dépit de ses défauts, comme dans un mariage qui dure et les autres se demandent ce qui le fait tenir. Steve et Slim se tournent autour, fument, se cherchent, fument.
C'est l'amour 0% mièvrerie, les dialogues claquent comme des coups de fouet, les baffes pleuvent, les vacheries également. Les scènes romantiques sont rares et durent peu, c'est à rebours du cinéma de l'époque et ce qui fait que ce film a infiniment moins mal vieilli que Casablanca (qui est pourtant un bon film également) et beaucoup d'autres de cette époque.
C'est un film sentimental, pas sentimentaliste: les actes comptent plus que les paroles, on n'y parle pas d'amour, on enquille les preuves d'amour tout en s'envoyant des torpilles verbales.
La toile de fond n'importe que pour ce qu'elle permet de révéler des personnages, encore une fois, pas de grand discours, juste un humanisme qui ne se paie pas de mots.
Bogart et Bacall finissent par tomber dans les bras l'un de l'autre? Il lui paie un billet pour qu'elle dégage et ne reste pas dans les parages quand ça va barder. Voilà, pas de baiser langoureux, pas de scène d'adieux déchirante, pas de larmes, une main sur l'épaule et c'est tout, ciao c'était bien le temps que ça a duré.
Et ça, ce serait moins bien que Casablanca et ce serait juste un petit film ?