Après 20 ans de silence, Terrence Malick revient d'entre les morts et livre en 1998 l'adaptation du roman "Mourir ou crever" de James Jones. Un film de guerre donc pour le réalisateur des Moissons du Ciel qui sort la même année qu'Il faut sauver le soldat Ryan. Un concurrent de poids, bien qu'il ne traite pas de la même guerre (La Ligne Rouge traite de la Guerre du Pacifique opposant soldats américains et japonais). Et s'il y a déjà eu une première adaptation du roman de Jones en 1964, le discret L'Attaque dura sept jours, celle de Malick s'avère bien différente puisqu'elle joue sur un tout autre thème : la peur...


Nanti d'un budget pharaonique et surtout d'un casting hors du commun, La Ligne Rouge est un film de guerre dans la forme unique. Fidèle à lui-même, le metteur en scène filme avec pudeur et transcendance une guerre injuste dans laquelle sont plongés des soldats loin de chez eux, ne comprenant l'horreur de leur situation qu'arrivés sur le terrain. Des soldats jeunes, qui avaient une vie paisible et qui se retrouvent à devoir exécuter un ennemi dont ils ne savent quasiment rien.


Certains préfèrent déserter, d'autres sont prêts à mourir pour leur pays, d'autres encore vomissent leurs tripes face au danger imminent, poussés par des dirigeants forcenés. Malick filme des hommes, pas des soldats et encore moins des héros et c'est pour cela que le long-métrage diffère grandement de ses prédécesseurs. Les plans sublimement cadrés, la musique bouleversante de Hans Zimmer, la photographie naturelle de John Toll (doublement Oscarisé pour Légendes d'automne et Braveheart), l'interprétation époustouflante d'acteurs aussi bien confirmés comme Sean Penn, Nick Nolte, Elias Koteas ou encore John Cusack que de jeunes recrues transperçant l'image, des acteurs encore inconnus du grand public tels Jim Caviezel, Ben Chaplin, Adrien Brody et Dash Mihok...


Tout est là non pas pour nous faire larmoyer ou pour nous épater mais bel et bien pour nous faire prendre conscience de l'horreur de la guerre (en terme général) et du pouvoir de l'amour, celui qui pousse l'être humain à rester en vie, sa motivation concrète. N'en oubliant pas de servir des séquences d'action explosives (la prise de la colline est un grand moment de cinéma) mais ajoutant ce qu'il faut de poésie à cette œuvre contemplative, Terrence Malick livre avec La Ligne Rouge l'un des plus beaux films de guerre de tous les temps.

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le 2 avr. 2019

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