La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord.
La mise en scène est formidable, la photo très chouette, la composition des plans quasi parfaite. Les plans de Terrence Malick sont millimétrés et judicieusement choisis, il sait capter les regards qui en disent long, d’autant plus que la distribution est pertinente. Quel talent, dans la scène de l’assaut de la colline, pour montrer l’angoisse avant l’attaque, la nervosité, la trouille au ventre, l’insupportable souffrance des autres, la douleur de tuer, la rage d’avoir pu mourir, la folie qui s’empare des hommes, le surgissement de l’insensibilité, le désarroi face aux ordres, les engrenages, la logique implacable, mais aussi la possibilité du refus. Tout cela, Malick le montre admirablement, avec un talent difficilement contestable. Et cette description de la guerre me va bien, les soldats présentés n’étant que des hommes, et pas nécessairement des héros. C’est tout de même appréciable. Film considéré comme « contemplatif », les images de la Ligne rouge, tournées sur une île paradisiaque, sont absolument sublimes. Du bleu de l’océan au vert de la forêt, Malick nous propose une véritable fresque naturelle.
Cependant, malgré cet orgasme visuel, le reste n’est pas du tout satisfaisant pour un long métrage bénéficiant d'un budget de 52 millions de dollars. Tout d’abord, le choix du scénario est contestable : Pour apprécier la beauté des plans oui, mais pour se divertir beaucoup moins. En effet, le rythme est lent au possible et l’ennui l’emporte parfois sur l’émerveillement. Par ailleurs, quel est l’intérêt de payer une fortune des superstars telles que Travolta ou Clooney, entre autres, au vu de leur importance dans l’histoire ? Attirer le plus de spectateurs je suppose. Néanmoins, leurs rôles se résument à de simples banalités que deux acteurs méconnus mais talentueux auraient pu tenir aisément. De plus, la psychologie des personnages est quasi-inexistante si ce n’est via des flashbacks, où les soldats se contentent d’enlacer leur dulcinée, ou encore via des voix-off qui tentent, en vain, de faire de la poésie existentielle, un peu trop gnangnan par moments à mon goûts. Ainsi, comme Malick ne s’attarde sur aucun personnage en particulier, la mort du supposé héros de l’histoire est anecdotique. Ni émotion, ni ressenti. Rien.
Voilà pourquoi La ligne rouge est un film qui me laisse dubitatif, de réel qualités cinématographique, l’ensemble gâché par cette forme de prétention philosophique et la présence de trop nombreux éléments mystiques maladroitement placés, c'est très beau, mais vous l'auraient compris, je trouve son ensemble assez lourd au final. Un petit 6 tout de même ;)