The Thin Red Line est le 3e long métrage de Terrence Malick. Il l’a réalisé 20 ans après le précédent : Days of Heaven.. C’est dire qu’il a pris son temps. Si ses films ne sont pas nombreux, ils sont par contre percutants à chaque fois, jamais anodins. Ce film de guerre ne ressemble pas aux films de guerre classique. Il s’agit d’une œuvre d’art digne du 7e art ! C’est un film de guerre réalisé à la manière propre de Terrence Malick. Une œuvre poétique, sensorielle, ouverte sur l’invisible. Cette œuvre est imprégnée de panthéisme. L’eau, le feu, la terre et l’air sont omniprésents. Ils sont la vie et la vie s’écoulent dans les éléments et à travers les hommes ne faisant qu’une réalité : « maybe all men got one big soul who everybody’s a part of. All faces of the same man. One big self ». Le soldat Witt se fait cette réflexion alors que ses yeux se posent sur les corps mutilés. Car cette vie, possédée en commun par tout ce qui existe, est blessée.
Et c’est bien sur une image menaçante que s’ouvre le film : un crocodile nageant furtivement dans l’eau avant de nous introduire dans un monde apparemment « paradisiaque », au milieu de la population mélanésienne. Le mal est là au cœur de la vie : l’image du crocodile nous a avertis d’entrée de jeu. Ce village mélanésien nous le retrouverons plus tard et cette fois-ci nous verrons des crânes sur les étagères des huttes. Jardin d’Eden seulement en apparence …
Le film se termine à nouveau avec l’image de l’eau : les Américains partant sur leurs bateaux puissants, les mélanésiens voguant sur leurs pirogues et une plante émergeant d’un plan d’eau. Entre ce début et cette fin, il y a le déroulement d’une guerre absurde, d’un mensonge auquel les soldats ne croient pas. Au milieu de cette absurdité et de ce mensonge il y a ces hommes qui s’interrogent et doutent. Peut-être est-ce là la victoire sur le mal : la capacité à interroger ?
S’il y a la vie, il y a aussi le mal et l’amour. D’où vient le mal ? D’où vient l’amour ? Tout cela a-t-il un sens ? Qu’est-ce qui conduit ce monde ? L’absurdité ou la gloire céleste ? Le spectateur est témoin du questionnement de ces hommes et il est invité à y prendre part. C’est le but de ce film : interroger et laisser chacun libre d’apporter sa propre réponse face au mystère de la vie.