Dès les premières scènes, le film questionne. Comment se fait t-il que ce qui est pur à l’état brut se corrompe ? Pourtant tout semblait bien commencer. Les feuilles et les arbres se développaient gracieusement sous le soleil, les hommes étaient en communion avec la terre et la mer. Désormais, les choses ont changé, l’homme est devenu moderne. Mais les personnages de Malick sont de ceux qui se souviennent qu’au début tout était beau et bon. Voilà leur terrible malheur. Un voyage mélancolique à travers ce qu’ils n’ont jamais été et ce qu’ils ne seront jamais. Mais cette quête n’est pas vaine car une lumière, un arbre, un acte courageux, un sourire peut faire revivre cet instant de pureté. Alors, celui qui cherche, sait qu’il a effleuré l’infini.
C’est sur une île vierge que le cinéaste filme son questionnement, un lieu stratégique pour les Japonais dans le Pacifique. Les Américains doivent y débarquer pour les y chasser. L’Histoire est sanglante et cette guerre est régie par le mal. Mais les hommes qui la font se souviennent. La pureté s’incarne dans le souvenir d’une femme ou dans cette nature qui les couvre et les observe. Malgré tout, c’est le mal qui règne au travers des corps meurtris et de la vanité humaine.
Il n’y a pas des bons qui combattent des méchants. Il y a des hommes qui se combattent et certains d’entre eux sont bons. Paradoxalement c’est dans les moments les plus difficiles, les plus affreux que les sentiments les plus purs s’expriment. Certes, Malick représente la guerre comme une folie, un événement corrompu mais c’est à travers celle-ci qu’il trouve les actes les plus nobles tels que la solidarité, le courage et le sacrifice. Ce film est un long voyage jusqu’au bout de l’île, à travers les ruines de la pureté.