La Ligne rouge porte ostensiblement la signature de Terrence Malick avec une nature au premier plan et de longues scènes contemplatives. Dépouillé du contexte de la bataille de Guadalcanal, le film serait une copie conforme de The Tree of Life avec toujours ces interrogations concernant la place de l’homme sur Terre. Les sentiments exacerbés rendent The Tree of Life peu convaincant, mais dans La Ligne rouge, l’environnement déshumanisant de la guerre donne quelque chose de vraiment touchant à ces personnages à fleur de peau, tous plus proches de la folie que de la raison.
Une chose est sûre, le montage est maîtrisé. On se rend vite compte que chaque plan a été soigneusement réfléchi avant d’être disséqué au montage. Les mouvements de caméra sont irréprochables. Je pense à la scène de l’attaque du village où un travelling haletant emmène le spectateur au sein de la compagnie de soldats Américains, slalomant entre les cabanes et tirant à bout portant sur des Japonais désorganisés.
La Ligne rouge, c’est aussi une BO rarement égalée au cinéma. Les mélodies s’adaptent parfaitement aux situations et ce, à un tel point que tout le monde sait ce qui va arriver au soldat Witt dès les premières notes de la scène finale. Le casting d’acteurs est impressionnant et la performance de Nick Nolte en colonel gueulant et gesticulant tout le long du film est vraiment excellente.
On appréciera le parti pris du réalisateur de ne pas prendre de parti. Ici, pas de bannière étoilée flottant fièrement sur un champ de bataille ni de discours patriotique, mais une vérité crue où la folie guette à chaque obus qui éclate ou à chaque balle qui siffle. Clint Eastwwod devrait prendre des notes.
La Ligne rouge est un film de guerre plutôt unique en son genre qui vaut le détour même s’il ne fait pas jeu égal avec Apocalypse Now.