Ce genre de film qui reste gravé dans la mémoire
Premières scènes, une île, des soldats, une voix off... On est a n'en point douter dans un Terrence Malik.
Quand j'ai vu le film, je m'attendais tout d'abord à voir apparaitre sur un fond noir un texte à valeur introductif pour initialiser un lieu, une époque, une bataille, et quelle ne fut pas ma surprise d'avoir cette succession de plans en dehors de tout lieu et de toute époque!
Quand on a vu 2 ou 3 films de ce réalisateur on comprend mieux l'introduction, qui est un style propre à Malik, apporter de la poésie, parfois abstraite, qui souvent nous fait réfléchir sur notre condition.
Cette scène m'a poursuivie tout au long du film, se déroulant sur une île dont on ne dit pas le nom (bien que le spectateur averti le déduira sans difficulté), mettant la guerre au second plan comme pour dire "Ce sont des guerres, ce sont des batailles, mais ce sont avant tout des hommes".
La majeure partie du temps le film se déroule à flanc de la colline dont l'objectif est la capture, gravir le sommet sans jamais réellement y parvenir, on pourrait presque y voir une allusion au mythe de Sisyphe.
Toujours filmés de façon sublime (c'est un Terrence Malik après tout) les hommes se battent sans vraiment comprendre pourquoi dans le désordre organisé de la guerre.
Malik prend parti de justement n'en prendre aucun. On voit les japonais et les américains sur un pied d'égalité, il n'y a pas de distinction, tous dans le même enfer.
Et là je me surprend à penser "Enfin bon, c'est juste un film de guerre"... "juste un film de guerre"... "juste"?
Car oui en y pensant quel autre message que "la guerre c'est mal" souhaite nous faire découvrir Malik? -Aucun.
Aucun car oui c'est un film de guerre, et oui ce n'est qu'un film de guerre. On remarque avec joie l'absentéisme de la réflexion bien pensante américaine du "Good vs. Vilain" avec l'habituel "Bad Guys" et aussi de l'apitoiement habituel sur le soldat mourant qui demande à son pote en larme de veiller sur ses proches. Oui je sais c'est cliché, mais en exacerbant un peu les traits, c'est souvent ce dont nous avons droit dans un film de guerre.
Ici Malik reste sobre, pas d'apitoiement, pas de distinction, pas d'idées bien pensantes. Le film est sobre, poétique, ponctué de plans plus-photogénique-tu-meurs, et laisse le spectateur se faire sa propre appréciation. Finalement on en demande pas plus d'un film de guerre, qu'il respecte la vérité et que ce soit beau.
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