Contrairement à ce que l'on pourrait croire à la vue de certaines jaquettes colorées, la bonne majorité des longs-métrages d'animation estampillés DC n'est clairement pas destinée à un jeune public, et ce n'est certainement pas The New Frontier qui prétendra le contraire.
Inspiré de l'arc narratif du même nom imaginé par Darwyn Cooke (que je n'ai pas lu), le film de Dave Bullock étonne effectivement par son ton adulte et très sombre, pour ne pas dire carrément violent. Ancré dans l'Amérique paranoïaque des années 50, il met en scène des super-héros relégués au rang de parias, rappelant par instants (et toute proportion gardée) le mythique Watchmen de Dave Gibbons et Alan Moore.
Tout en conservant les codes de toute histoire super-héroïque qui se respecte, The New Frontier montre ainsi ses demi-dieux sous un jour plus humain et pas toujours flatteur, à l'image d'un Hal Jordan traumatisé par la guerre de Corée, d'une Wonder Woman aux méthodes quelque peu extrêmes ou d'un Batman aussi flippant que les criminels qu'il pourchasse.
C'est dans ce contexte ô combien troublé que The New Frontier nous raconte les origines de la Justice League, à travers un récit fort intéressant et prenant son temps pour placer ses personnages et ses enjeux, au détriment peut-être d'une action ne pointant le bout de son nez que sur la fin, mais d'une bien belle manière.
Limité par sa condition de produit télévisuel, The New Frontier souffre forcément de sa trop courte durée, ne pouvant que survoler son passionnant sujet et n'offrir qu'une animation plus fonctionnelle qu'autre chose. Mais cela reste en l'état une transposition plus que satisfaisante et qui s'avère même bien supérieure à beaucoup de films live, portée par un casting vocal fabuleux.