N'ayant pas (encore) vu "la Fille du 14 Juillet", je découvre le cinéma tant célébré par "les gens de goût" (si, si...) de Peretjatko avec cette "Loi de la Jungle" à la déjà flatteuse réputation. Après 1h40 durant lesquelles je n'ai pas ri une seconde (je suis très très difficile quand il s'agit de films drôles, j'ai été élevé par Wilder, Lubitsch, Hawks, et l'humour anglais, et il n'y a guère que Tati en France qui me réjouisse...), je suis sorti de la salle dubitatif. Je sais que j'ai été profondément séduit par la sensualité romantique épatante de l'histoire d'amour qui peu à peu envahit le film et semble le ralentir, le calmer, infuser en lui de la sagesse et de la beauté d'une manière sidérante, à l'image d'une Vimala Pons formidablement filmée, évoquant souvent - comme tout le monde l'a pointé - Anna Karina dans les Godard des sixties... Et ça, c'est énorme, ça justifie pleinement l'existence du film, au delà de sa pertinence satirique indiscutable (les stagiaires, l'Europe technocratique, les montages financiers crapuleux, la politique de la métropole dans les DOM TOM, etc. etc.), et surtout - et c'est là que le bât blesse pour moi - de son humour certes gentiment farfelu, mais quand même lourd, et tragiquement "français" (lisez "pas drôle pour un rond")... Car une avalanche incessante de gags irréguliers, répétitifs et prévisibles (les vilains animaux, les gens pas bien plus beaux et surtout hystériques en permanence, le héros ahuri et inadapté) filmée sans aucun sens du timing, du rythme - soit l'essence même du cinéma comique -, cela s'apparente plus à un catalogue de gags qu'à un film : Peretjatko m'a semblé faire preuve d'une fantaisie burlesque débordante, mais préférer l'excès au juste dosage, soit un geste généreux, un peu fou, mais affreusement fatigant pour tout spectateur qui ne soit pas prêt à le suivre dans son délire vaguement régressif. La scène, embarrassante et interminable, des baffes distribuées par la divine Vimala aux membres de la secte en est l'illustration la plus flagrante, mais les contre-performances épouvantables de deux acteurs aussi bons habituellement que Légitimus et Amalric le confirment : Peretjatko est bien meilleur quand il fait dans la poésie lunaire et décalée que dans le burlesque déjanté. [Critique écrite en 2016]