Avec La Loi du Marché, Stéphane Brizé tente de recréer le réel pour servir un propos plus que jamais ancré dans notre époque.
Et c'est ce qu'il arrive à faire très souvent. Tout d'abord grâce à des comédiens, Vincent Lindon en tête, d'une authenticité et d'une justesse rare. Ça c'est à mettre au crédit de Brizé. Il y a aussi toutes ces (parfois trop) longues séquences malaisante, des affrontements parfois verbaux comme l'entretien en introduction chez Pôle Emploi, ou la négociation interminable avec l'acheteur du mobil home de Thierry, ou parfois muet comme quand Titi se fait terminer en stage de communication, il est obligé d'encaisser et de se taire. Ça rejoint tout ce fil rouge sur la déshumanisation, la délation, aucune entraide entre confrères, entre collègues, et même le rôle du numérique et des machines. Sur ce point c'est une grande réussite.
En plus de cela, au début on retrouve une impression de neutralité, que le spectateur peut développer son opinion tout seul, et dans ce genre de film social je pense que c'est la bonne voie à suivre (j'y reviendrai plus tard).
Malgré un rythme et un montage qui me convienne, le film s'enferme un toujours dans le même prisme, et ça devient un peu lourd par moment. C'est la qu'on voit aussi toute les limites technique du dispositif utilisé.
Mais ma vraie limite avec le film est tout simplement qu'il dépeint un avis biaisé du réalisateur. Les personnages (chômeurs ou employés) sont toujours montrés en victime, les dirigeants en bourreaux, c'est trop facile et pas honnête. Le parallèle avec le discours du DRH sur le suicide de la caissiere quelque temps après s'être fait virer à cause des vidéos que Thierry à fait remonter à la direction, trouvant d'autres excuses (fils drogué, situation financière déplorable) est intéressant avec la vision qui nous est montrée, tourner une réalité dans notre sens.
Après on peut aussi trouver plusieurs éléments sans intérêt, comme l'ajout d'un fils handicapé ou les cours de danses, mais ce n'est pas tant gênant.
Donc voilà, un film qui réussit à donner une impression de réel, qui peut compter sur des comédiens bluffant, servant un fond très intéressant mais biaisé malheureusement. Ce film reste tout de même bien moins énervant que la plupart des films sociaux français.