Attendu comme le film social de la sélection, le film de Stéphane Brizé crée l’étincelle du festival. Porté par un Vincent Lindon touchant la perfection, « La Loi du Marché » surprend, attaque et touche par sa justesse et son hyper réalisme. Découpage d’une œuvre puissante.
Thierry a 50 ans et se retrouve au chômage à cause de la délocalisation de l’usine dans laquelle il travaillait. Après plusieurs tentatives d’embauche, il se retrouve agent de sécurité dans un supermarché. Mais un incident survient.
L’idée est venue lorsque, entendant une histoire d’agent de sécurité prenant un malin plaisir à dénoncer leurs collègues surpris à voler par les caméras de surveillance, Stéphane Brizé décide d’en faire le sujet principal de son film. Mais cette fois en faisant de Thierry un personnage sensible dont les valeurs seraient immédiatement mises en branle. On suit Thierry, au chômage, père d’un enfant handicapé et croulant encore sous les dettes. Un constat déprimant pour une situation déjà vue dans le 7ème art. C’est là que le film puise toute sa force. De ce déjà-vu qu’il retourne magistralement. Stéphane Brizé le dit lui-même en avouant qu’il voulait changer sa mise en scène, sa façon de travailler avec les acteurs. « Il fallait tout dynamiter » et « mettre l’intime en perspective avec le social ». Et cela marche à merveille pour plusieurs raisons que je vais vous énoncer :
Vincent Lindon : Acteur aux multiples possibilités, il s’illustre avec génie. De sa prestation incroyable, suivie d’une standing ovation le générique atteint, découlera certainement un prix d’interprétation mérité. Il éblouit par sa présence et donne au film une ampleur considérable. Même si l’on ne voit pratiquement que lui (certaines séquences de presque 10 minutes le filmant lui tandis que les dialogues et l’action se déroulent en hors champs), il capte le regard du spectateur pour ne le lâcher qu’au bout de 1h30. J’en viens alors au second point remarquable du film.
La mise en scène : Alors que les films sociaux se concentrent sur la situation d’un personnage, Stéphane Brizé prend le parti de filmer les conséquences de la situation sur le personnage. La caméra ne lâche que très rarement le visage de Thierry, mettant le spectateur au service d’une société accablante. Patrons, collègues ou conseillers de Pôle Emploi s’acharnent sur Thierry. Ce ne sont que de brefs exemples d’une fresque sociétaire suivant les journées et labeurs d’un homme bon, sincère et honnête. Brizé ne fait pas dans le pathos, il s’accroche aux sentiments et aux émotions. On en vient ainsi au dernier point.
La direction d’acteur : le reste du casting de « La Loi du marché » n’est autre qu’une multitude de non professionnels. Il s’agit d’un vrai conseiller Pôle Emploi, d’une vraie banquière etc… Pour cela pas de dialogues écrits, seulement une feuille remise à chacun, expliquant la situation de la scène. Le conseiller Pôle Emploi est donc en situation réelle, connaissant parfaitement le cas de Thierry. Et c’est parti ! Avec toujours en auditeur et interlocuteur le mémorable Vincent Lindon, improvisant durant ces séquences.
La suite sur le site du Cinéma du Ghetto :
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