Ce film me confirme une chose : Vincent Lindon est le meilleur acteur français à mes yeux. D'ailleurs, en ayant lu plusieurs critiques, je me rends compte que beaucoup des détracteurs de ce film lui avouent une performance remarquable. Sobre, proche, intimiste, Lindon intériorise et porte ce film tant bien que mal... Car il ne le sauve qu'à moitié.
C'est mon cas également. Je suis plus que mitigé sur ce film. Et en plus, je suis contrarié, car tout part de bons sentiments. Mais je juge qu'un film mettant en scène des personnages généreux et tout-gentils peut aussi être un mauvais film.
Le principal problème de La Loi du Marché, c'est qu'il est mou du genou. Je n'ai rien contre les films que l'on peut qualifier de "lents", il y en a qui font partie de mon panthéon du 7ème art... Mais là, il y a clairement un problème de rythme. Tout est plat, et l'intensité émotionnelle reste désespérément stable pendant 1h30.
Au-delà de ça, il y a clairement un problème de scénario. Pendant la 1ère moitié du film, on accompagne Thierry (Vincent Lindon) dans ses démarches administratives pour retrouver un emploi. On passe par le Pôle Emploi, des entretiens d'embauche, puis on revient à la maison, on danse au salon... Puis dans la seconde, on le retrouve en tant qu'agent de sécurité dans un supermarché, faisant face aux divers problèmes : vols, vie entre employés,... Dans chacune de ses parties, on constate au bout d'un certain temps un problème de répétition. Filmer un premier vol, ça va. Un deuxième, pourquoi pas couper rapidement. Un troisième, non, stop.
De plus la mise en scène ne fait rien pour rendre la chose un peu plus dynamique ou un tant soit peu vivante. Brizé prend le parti de suivre Thierry durant toutes les séquences, ce qui est judicieux pour ce genre de film. Mais les séquences sont longues, trop longues, beaucoup trop lourdes à encaisser. On peut filmer un entretien d'embauche en plan fixe pendant 8 minutes pour immerger son spectateur dans l'état de son personnages. Moi, perso, au bout d'un moment je n'écoute même plus le DRH.
Qui plus est, cette faculté de soit-disant "voler des instants de vie" avec ces plans fixes renforce un misérabilisme des plus lourds. Je n'aime en rien cracher sur le cinéma français, que j'adore la plupart du temps, mais là c'est trop cliché. Un exemple tout simple serait le handicap du fils de Thierry. Je passé en tête tout le film en sortant de la salle : ce point scénaristique ne sert à rien, hormis se dire pendant la scène : "Holala, il a vraiment la vie dure, ce Thierry. Quel désespoir.".
Sauf que je pense qu'on a assez de matière à côté pour créer de l'empathie avec ce personnage qui, je le répète, est impeccablement interprété, mais pour lequel je pense il y avait énormément de choses à faire, et qu'au final, le résultat est assez faible.