La loi du Marché est tellement réaliste qu'on dirait un documentaire. D'ailleurs, Stéphane Brizé s'est entouré justement d'un chef-opérateur, Eric Dumont, cinéaste de 31 ans qui n’a travaillé jusque là que pour le documentaire.
La caméra, à l'épaule, évolue en plans serrés autour de Vincent Lindon, qui jour Thierry, au chômage depuis vingt mois et qui est pris dans la spirale de la recherche d'emplois. De formations en stages bidons proposés par Pôle Emploi, Thierry aboutit enfin à un emploi, qui n'a rien à voir avec ses compétences initiales, vigile dans un supermarché. Mais là, il est confronté à des situations extrêmement délicates, chargé de surveiller y compris le personnel, il est obligé de dénoncer ses collègues, caissières, prises en flagrant délit de vol. l'une d'entre elles se suicidera même deux jours après son renvoi.
Sa vie prend vraiment la forme d'un combat et il lutte tous les jours à travers sa vie de père de famille d'un fils handicapé, sa vie de chercheur d'emploi subissant tous les affres de la recherche d'emplois et sa vie par la suite de salarié déclassé. Jusqu'à son refus final de la compromission, de la trahison.
L'emploi de comédiens non professionnels, dans leur propre rôle de syndicalistes, caissières ou agents de Pôle Emploi renforce cette impression d'hyper-réalisme.
Vincent Lindon y est vraiment formidable et mérite bien sa palme de meilleure interprétation masculine à Cannes 2015.
Voici donc un film politique et engagé qui mérite vraiment le détour. Du grand Brizé dans la ligne de "Quelques heures de printemps".