La Loi du marché, c’est le genre de film qu’il ne faut pas voir si on a le cafard. Abordant le thème du chômage et de la précarité sociale, fléau de la société française du XXIe siècle, Stéphane Brizé n’a pas eu de mal à susciter l’émoi avec ce long-métrage porté par Vincent Lindon.
Durant une longue heure trente de déprime, le réalisateur dépeint la triste réalité de la recherche d’emploi dans un monde du travail bien morose : succession de formations inutiles, faillite des conseillers Pôle emploi, flicage des salariés, environnement anxiogène du travail, suicide ... Tout y passe. Et pourtant, comme si le tableau n’était pas assez sombre, Brizé a cru bon d’en rajouter une couche en rajoutant la thématique du handicap familial ; comme si la précarité de l’emploi ne suffisait pas à être « dramatique ».
Avec une telle thématique le choix de Vincent Lindon s’imposait pour incarner ce cinquantenaire miné par sa situation sociale précaire. Auréolé du prix du meilleur acteur, ce dernier délivre une prestation juste sans être magistrale et ce d’autant qu’il n’a pas eu à forcer son talent pour retranscrire à l’écran l’état d’esprit d’un travailleur lambda touché par le chômage (ses anciens rôles l’ayant habitué à tirer la tronche du début à la fin).
Aussi réaliste soit-il, force est de constater que le film est d’un ennui mortel. Multipliant les plans fixes et les dialogues approximatifs, le rythme lent – certes en osmose avec l’ambiance pesante nécessaire à un tel drame social – agace rapidement.
Dès lors, le succès quasi unanime de La Loi du marché vient-il réellement récompenser la qualité intrinsèque dudit film ou ne sert-il qu’à interpeller le politique ?