Lune passée au savon...

Voici clairement - du moins à mon sens - de l'un des films les plus faibles de la filmographie pourtant prestigieuse de Otto Preminger. Comédie de moeurs ultra-bavarde plombée par des acteurs médiocrement écrits et dirigés par le cinéaste The Moon is Blue n'en finit pas de confondre légèreté et vulgarité, ressemblant par ailleurs beaucoup trop à du théâtre filmé reposant sur un principe dommageable de redondance comique.

Si William Holden se débrouille tant bien que mal en godelureau éconduit par cette fameuse "vierge professionnelle" cette dernière ( incarnée par la méconnue Maggie McNamara ) constitue l'une des figures féminines les plus antipathiques du Cinéma de l'époque, vraie-fausse ingénue ayant l'air de ne pas y toucher tout en se montrant incapable de ne piper mot tout du long. Exténuante et monolithique, ladite figure est ici passablement interprétée par une Maggie McNamara au jeu semblant réduit à deux ou trois expressions faciales - tout au plus ; systémique et vaudevillesque la dramaturgie de cette screwball comedy déçoit redoutablement, pas même réellement irrévérencieuse dans sa globalité.

Ajoutons à cela un leitmotiv musical suscitant des envies de massacre tant le thème principal demeure ici insupportable ou du moins mal utilisé par Preminger, une très ordinaire intrigue de chassé-croisé amoureux doublée de quiproquos convenus et insipides ne proposant rien de nouveau sous le soleil et des dialogues suggestifs incapables de nous tirer le moindre sourire et l'on obtient un long métrage assez agaçant dans son apparat théâtral et résolument sans attraits filmiques. Dans le même registre préférez largement Under Your Spell tourné quinze ans plus tôt qui, quant à lui, témoignait de réelles audaces et d'une franche subversion cinématographique.