Deux ans après le succès d'"Un meurtre est un meurtre", le réalisateur belge Etienne Périer poursuit dans la veine chabrolienne, allant jusqu'à confier à Michel Bouquet un rôle très proche de celui qu'il tient dans "La femme infidèle".
Autant dire qu'on se trouve en terrain connu avec "La main à couper", adaptation d'un roman de Pierre Salva, qui ne brille ni par son audace, ni par son originalité.
On est dans le registre du polar psychologique et du drame familial, puisque l'on suit un couple de quadragénaires mariés depuis longtemps (Bouquet et Léa Massari) et parents de deux grands adolescents, dont le quotidien va être bouleversé par le meurtre du jeune amant de madame, également ami du fils.
Toute la mise en place du mystère se révèle plutôt captivante, surtout pour les cinéphiles qui, comme moi, sont sensibles à ce décor parisien seventies, avec les voitures d'époque, la mode, les frontons des boutiques... d'autant que Périer parvient à instaurer une atmosphère oppressante.
On pourra regretter que le réalisateur joue certaines cartes un peu trop rapidement, rendant l'ensemble quelque peu prévisible, mais certains éléments inexpliqués viennent à chaque fois relancer le questionnement, comme l'apparition d'un Michel Serrault particulièrement gluant.
En revanche, comme souvent, les révélations finales sont surtout synonymes de déception, en raison de quelques incohérences et d'une construction vraiment tarabiscotée.
On constate d'autre part que certains éléments de l'intrigue étaient de simples fausses pistes, à l'image de la problématique de la fille Nadine, arc narratif artificiellement plaqué au récit central pour apporter une complexité de façade.
Rendons grâce toutefois à Périer et ses coscénaristes (dont son compatriote Charles Spaak) pour le choix d'un dénouement joliment immoral.
Globalement, "La main à couper" reste un divertissement policier de bonne facture, à réserver en priorité aux amateurs du genre, qui bénéficie notamment d'un casting de qualité, comprenant encore Bernard Blier en commissaire jovial, Dora Doll en collègue de travail de madame, et la jolie Lise Danvers dans le rôle de Nadine.