To Catch a Thief confirme l’attachement d’Alfred Hitchcock à la thématique du retour, retranscrite du point de vue de la psychanalyse par l’idée du refoulement, narrativement et plastiquement par le motif du cercle : les toits plongés dans une nuit verte encadrent un long métrage qui se plaît à raccorder son protagoniste principal, nommé John Robie, à son passé de cambrioleur pris au piège de sa renommée en ce qu’il se voit accusé de vols qu’il n’a pas commis. Deux femmes se présentent à lui, en miroir l’une de l’autre : la première, Danielle, tente de le séduire en devenant à son tour le fameux « Chat », contraignant celui qu’elle aime à redevenir félin ; la seconde, Frances, fille d’une riche veuve, se saisit de son statut social et des bijoux qui l’incarnent à l’écran comme d’une invitation à la faute et, par extension, à l’amour.
Danielle se transforme en chat, Frances en souris, quoique cette polarisation initiale tende à s’inverser progressivement pour consacrer la pudeur puritaine au rang d’érotisme nécessaire au sentiment véritable. Le prénom de cette dernière résonne avec le pays investi, croqué suivant un exotisme d’autant plus factice qu’il couve les rapports de pouvoir, les tensions et les antécédents de chacun. Dit autrement, Frances préserve son intimité, qu’elle offre exclusivement à celui qui saura la ravir en même temps que son bijou, alors que la France de la Riviera exhibe ses trésors devant une caméra qui l’arpente. La réunion des deux, par plans interposés sur des feux d’artifice, achève de construire cette métaphore sexuelle des plus subversives au sein d’un cadre a priori innocent. Un amusement magnifiquement photographié et interprété.