Trois ans après son controversé SILVIO ET LES AUTRES, le réalisateur oscarisé Paolo Sorrentino revient avec un nouveau film qu’il décrit comme étant son plus personnel, puisqu’il s’inspire de sa propre vie. A travers Fabietto, le personnage principal, Sorrentino raconte l'adolescence douloureuse qu’il a vécu notamment par la perte de ses deux parents à l'âge de 16 ans. Le film se passe à Naples, et concentre tout ce qui a marqué le réalisateur dans sa vie et son cinéma. Après les courtes scénettes dans YOUTH, et son discours élogieux aux oscars, la présence tout d’abord de Maradona dépasse ici le simple hommage, allant même jusqu’à s’incarner dans le titre LA MAIN DE DIEU (en référence à son fameux but marqué de la main face à l’Angleterre en 1986). On y retrouve par ailleurs son acteur fétiche Toni Servillo qu’il retrouve pour une énième collaboration, 8 ans après son chef d’œuvre LA GRANDE BELEZZA.
Etant assez admiratif du travail de Paolo Sorrentino j'y ai retrouvé tout ce que j'aime dans son cinéma à savoir des dialogues puissants, toujours plus lyriques et philosphiques les uns que les autres. On a l'impression que chaque scène est une leçon de vie. Aussi, ai-je particulièrement aimé ce nouveau long métrage sortie directement sur Netflix, car il revient à ce qui fait l'ADN de son réalisateur : Napoli.
On y retrouve aussi tous les questionnements propres à son auteur : comment faire pour ne pas rater sa vie est au centre de ses préoccupations. S’il en parle brillamment dans LA GRANDE BELLEZZA avec son personnage principal sans cesse en train de regretter son manque d’investissement dans son travail, il l’évoque constamment dans LA MAIN DE DIEU de plusieurs manières. Avec le frère de Fabietto tout d’abord qui admet ne pas avoir assez de persévérance pour réussir en tant qu’acteur. Les références à IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE ne sont pas innocentes non plus avec un Deniro qui passe sa vie à resasser le passé, et à vivre à travers ses souvenirs. Diego Maradona occupe également une place centrale car plus qu’une idole, il incarne un modèle de réussite pour Fabietto/Sorrentino.
Au-delà des sujets propres à tous ses films, Sorrentino écrit dans ce long métrage autobiographique, une lettre d'amour à Naples. Une ville qu'il décrit comme assez fermée sur elle-même en apparence, mais qui a constitué pour lui une formidable ouverture sur le monde. Il explicite cet amour notamment à la fin lors d'une scène entre Capuano et Fabietto qui commence dans une sorte de grotte assez sombre, et qui termine par un plongeon de Capuano dans la mer; comme pour illustrer une envolée vers l'infinie liberté.
Par ailleurs, la réalisation, si elle n’est pas aussi éblouissante que dans ces précédents films, reste néanmoins reconnaissable et apporte également une touche éminemment personnelle au film. On y retrouve une nouvelle fois ces longs travellings dans les rues de Naples, ces plans sur des visages insipides. Sorrentino joue toujours sur le rapport entre le réel et le surnaturel. Ce qui relève du surnaturel étant souvent le vieux, alors que le jeune lui est dans le réel et doit « regarder vers l’avenir » comme c’est dit dans le film. Au niveau du casting rien à redire, et une mention spéciale à son acteur principal Filippo Scotti, véritable révélation.
Au final, un film qui, à l'image de Maradona, mérite selon moi son ballon d'or. Plus que de nous raconter une partie de sa vie, Sorrentino conseille et plus encore avertit les jeunes sur leur avenir. J'espère qu'il recevra une récompense aux golden globes auxquels il concourra le 9 janvier 2022.