Entrez dans une maison hors du temps. Une maison qui n'existe qu'à travers nos oreilles, qu'a travers l'image que nous en avons d'elle. On la dit créatrice de sens et de culture, d'intellectualité et d'actualité. Elle nous berce chaque jour où que nous allions, elle nous observe. Certains disent l'avoir aperçu quelque part dans le seizième arrondissement de la capitale française. D'autres la situe partout en France. Sa légende dépasse les frontières même de cette ville : comme un esprit originel berçant l'hexagone de ses bonnes leçons. On la dit à l'origine du savoir et des choses. C'est donc armé de sa petite caméra que Nicolas Philibert gravit le mont Olympe pour s'introduire dans le domaine inaccessible des dieux créateurs et ainsi y observer les Grâces et autres divinités répandre sur terre la gaité, l'égalité d'humeur, la facilité des manières, l'éloquence et la sagesse. Seulement, ce que recherche ici Philibert n'est pas l'étude de ces connaissances mais bien leurs origines.
Parmi les quelques images ramenées par notre explorateur, nous pouvons constater le quotidien bien remplis de nos divinités et prendre de leurs nouvelles. Héphaistos, jadis passé maitre dans la création des armes les plus redoutables, vit une retraite paisible. Il fabrique des machines sonores dignes du gaffophone depuis qu'il a découvert, lors d'une soirée bien arrosée chez Dionysos, qu'il était possible de jouer de la trompette même plongée dans l'ambroisie. S'étant d'ailleurs découvert un récent goût pour la musique en tout genre, l'Olympe sollicite de plus en plus l'aide de Pan qui tente de diviser son temps entre sa nouvelle responsabilité et son groupe de rap récemment monté avec Apollon. Ainsi il fait de son mieux pour aider ses collègues à s'épanouir artistiquement parfois à nos dépend. Après avoir vu Poséidon faire ses vocalises, nous comprenons mieux pourquoi notre début de printemps fut si pluvieux. En bonne déesse des sciences et des arts, Athéna supervise tout ce petit monde en organisant notamment des séances de vibraphone ou des cours de lecture.
D'autres occupants, moins sociables, travaillent de leur côté et ajoutent à leur façon une pierre à l'édifice. Assez solitaire, Eole aime se cacher dans les branches des arbres pour écouter la vie des habitants de la forêt. Même s'il est toujours aussi bougon, Demeter ne manque visiblement pas d'humour et nous offre un superbe discours sur la patate et sa place dans la société tout en l'épluchant. Zeus s'est également trouvé un nouveau passe-temps : munie de son appareil photo, il s'amuse a lancer sa foudre pour en étudier les différents aspects en fonction du temps et des saisons. De son côté, Hermès se porte bien. Depuis qu'il a prit du poids, le dieu de l'éloquence et de l'art de bien dire a troquer ses sandalettes ailées contre une moustache mais son fort accent italien nous permet encore de le reconnaitre.
Au milieu de ce chaos, et cet afflux d'information permanent se dégage une tranquillité agréable que Philibert retransmet très bien à l'écran. Il sait nous montrer, avec un regard intéressé, ce domaine culturel remplis de belles surprises musicales ou littéraires. Il parvient admirablement à nous expliquer et à nous décomposer la richesse de l'organisation du domaine que nous connaissons finalement si peu. Organisation supervisée par le regard observateur de Chronos qui règne impitoyablement sur le temps et impose une minutie et une précision afin de déverser le savoir divin sur la France.
