Pompeux et rigide
Bourré de clichés, fade, pompeux, rigide, esthétiquement très recherché, mais ennuyeux à souhait, la Maison des ombres ne m'a absolument pas convaincu. Est-ce la réalisation neurasthénique...
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le 24 avr. 2012
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Je ne serais pas surpris si l'on m'apprenais qu'il y a eu un conflit entre le réalisateur du film et ses producteurs, tant la maison des ombres semble entre deux genres, comme si plusieurs intelligences animées de souffles contraires avaient voulues emmener le film dans dix directions différentes à la fois. Voilà un film qui essaye tout à la fois d'être une réflexion sur les traumatismes, tant de guerre que d'enfance, une romance sur deux êtres qui comptent sur l'autre pour se reconstruire, une critique de la misogynie et de la société du XXème siècle, un drame familial fort et un film d'horreur basé sur une histoire de fantômes.
Le gros, très gros problème, c'est que chacun de ces genres a ses exigences en terme de mise en scène, de façon de filmer et d'ambiance générale. Et le mélange ne marche absolument pas, surtout lorsqu'on vous a vendu le film comme étant un film d'horreur. Il y a de bonnes idées pourtant, avec un doute perpétuel sur certains personnages, une maison de poupée qui nous fait comprendre que le fantôme est bel et bien réel et un retournement de situation annoncé clairement par l'un des personnages, où la menace ne vient plus des morts, mais des vivants.
Mais à part cela, on tombe sur tous les clichés possibles. L'horreur n'est causée que par quelques sursauts, à grand renfort de musique dont le volume augmente brusquement. Chaque scène cherchant à créer une ambiance sombre et claustrophobique est aussitôt sabotée par les plans suivants, à l'extérieur en plein jour, sur une forêt magnifique sous un ciel gris immense, et le cadre de la caméra, systématiquement large et profond, n'arrange pas les choses. Quant à la romance, elle est en contradiction avec le thème même du film : on ne peut pas tirer à boulets rouges sur la misogynie et le patriarcat et faire littéralement ceci : "Moi femme faible, toi homme fort. Toi faire amour moi. Toi protéger moi." Enfin il y a le rythme : je n'ai aucun problème avec les films dont le démarrage est lent, je trouve même que cela permet d'ajouter du cachet à l'univers montré et si cela permet de poser de vraies bases, je suis prêt à l'accepter. Le souci, c'est que ce film le fait pour en fin de compte désamorcer toute horreur, et l'on reste désespérément sur sa faim.
En parlant de fin, celle du film joue à fond la carte de la révélation finale et des retournements de situation à gogo. On notera tout de même une conclusion vraiment courageuse, puisqu'on y assiste à quelque chose de très rare, surtout dans ce genre de films. Je vous laisse la surprise, mais tient tout de même à vous prévenir : ne voyez pas ce film en imaginant que vous ressentirez de la peur. Ce n'est clairement pas la volonté de ceux qui l'ont fait et vous risquez de finir aussi déçu que j'ai pu l'être.
Créée
le 10 janv. 2017
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