The Haunting nous introduit dans un manoir hanté en compagnie d’un docteur qui veut prouver la réalité des phénomènes paranormaux en tentant des expériences, de Luke, le jeune héritier du manoir totalement hermétique au paranormal et de deux jeunes femmes ayant toutes deux une sensibilité développée dans le domaine de la parapsychologie : Théo extralucide et Eleanor qui communique avec les esprits frappeurs.


L’histoire nous est racontée du point de vue d’Eleanor. Une femme qui ne vit qu’à moitié, qui dort sur le canapé du salon de sa sœur, qui ne sort pas de chez elle, n’est jamais allée en vacances. Et voilà qu’elle se retrouve à participer à cette expérience qui la sort de la monotonie de sa vie.


Le manoir est le personnage principal du film. Une superbe demeure mystérieuse, biscornue, inquiétante, vivante. Dès qu’elle arrive, Eleanor reconnaît ce lieu comme sa maison. Le manoir l’appelle, entre en relation avec elle – « it’s staring at me » –, et elle ne veut plus le quitter. Très vite Eleanor apparaît être fragile : anxieuse, peu confiante en elle-même, apeurée, culpabilisée. Pour la première fois elle se sent vivante dans un lieu, pour la première fois de sa vie il lui arrive quelque chose.


La question se pose : la maison est-elle hantée ou les phénomènes observés sont-ils le fruit de son imagination et de son sentiment de culpabilité ? Il est significatif qu’elle perçoive les esprits frappeurs, alors que sa mère morte plusieurs années auparavant frappait justement au mur pour appeler sa fille quand elle était malade. Un soir Eleanor n’a pas répondu aux appels de sa mère contre le mur et c’est ce soir là qu’elle est morte… Souvenir douloureux qui la hante, événement dont elle se sent responsable…


Le spectateur se trouve impliqué dans cette expérience : il entend les bruits, il voit l’espace se déformer sous ses yeux. Tout est mis en place pour l’inquiéter, voire l’angoisser. Ce sentiment de malaise est renforcé par le comportement des deux femmes qui se montrent ambiguës et imprévisibles comme les phénomènes qui se déroulent dans la maison ! Théo est une femme forte, sûre d’elle-même, l’antithèse d’Eleanor. Pourtant quand les phénomènes se produisent elle devient une petite fille apeurée et c’est Eleanor qui la protège. Envers Eleanor elle se montre tour à tour protectrice, bienveillante, écrasante, humiliante. De son côté Eleanor est timide, effacée et pourtant elle est capable aussi de prendre position, de s’opposer, de se montrer forte. Eleanor a peur de ce lieu et pourtant elle veut pourtant y rester pour toujours. Toutes les deux se montrent ainsi particulièrement irrationnelles et déroutantes dans leur comportement.


Le côté « épouvante » du film se trouve uniquement dans l’ambiance, la suggestion. Rien n’est montré, pas de fantômes en vue, mais des sons, des impressions, des mouvements et déformations de l’espace, des courants d’air là où il ne devrait pas y en avoir et une histoire de morts accumulés qui ont fait la légende de la maison, ainsi que les réactions des deux femmes et des gardiens de la maison qui participent au climat anxiogène du film.


Au final, The Haunting laisse l’interprétation libre. Tout est possible, tout peut trouver son explication ou tout peut être interprété comme une manifestation d’outre-tombe. Chacun peut donner la signification qu’il veut à cette histoire, mais dans tous les cas, avec The Hauting, il aura passé un bon moment dans ce manoir débordant de vitalité et à l’esthétique baroque.

Créée

le 24 juil. 2022

Critique lue 161 fois

19 j'aime

18 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 161 fois

19
18

D'autres avis sur La Maison du diable

La Maison du diable
Torpenn
6

Le futur hanté rieur

Après le pré-adolescent zombie, je me nettoie les rétines avec un film d'épouvante à l'ancienne. Première différence, et non des moindres : la mise en scène. D'abord, elle existe, ensuite, c'est elle...

le 29 juil. 2011

50 j'aime

31

La Maison du diable
drélium
8

Sueurs froides

Énorme, grosse claque au final. Des frissons en pagaille, pas du genre tout de suite, plutôt à doses mesurées puis la partie finale qui fait on ne peut mieux son boulot. Pas un meurtre, pas une...

le 19 déc. 2012

46 j'aime

2

La Maison du diable
Gand-Alf
9

Born bad.

Afin de provoquer la peur et l'effroi, il n'y pas forcément besoin d'artifices grossiers et ça, le cinéaste Robert Wise semble bien l'avoir compris avec cette adaptation du roman de Shirley Jackson,...

le 17 mars 2014

40 j'aime

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

66 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
abscondita
9

"Je suis le bras armé de la sourde et aveugle fatalité"

Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...

le 30 juin 2024

54 j'aime

14

Blade Runner
abscondita
10

« Time to die »

Blade Runner, c’est d’abord un chef d’œuvre visuel renforcé par l’accompagnement musical mélancolique du regretté Vangelis, les sons lancinants et les moments de pur silence. C’est une œuvre qui se...

le 15 janv. 2024

34 j'aime

19