La Maison du diable par Gaby Aisthé
Au moment de choisir la destination de leurs prochaines vacances, certains penseront à la montagne. Ses chalets, ses pistes de ski... D'autre à la mer. Ses plages de sable fin et ses journées ensoleillées.
Mais pour la jeune Nel, rien à faire, on pourra lui dire ce qu'on voudra, le must, c'est la maison hantée, gage de repos et de sérénité. Avec de parfaits inconnus cela va de soi. Et sans donner sa nouvelle adresse à quiconque...
Il est important de savoir faire face à son passé et de savoir être en paix avec soi même. Pour ma part, je préconiserais une bonne psychanalyse, mais après tout, qui suis je pour juger ?
Robert Wise choisit donc de nous raconter l'histoire de Nel en se servant de celle du Kastel. L'histoire d'une pauvre jeune femme fragile qui a l'impression - et qui a probablement raison - de n'avoir pas vécut et qui se bat chaque jour pour ne pas se noyer dans l'océan de sa culpabilité et de ses désirs.
Désir d'être reconnut en tant qu'individu, désir de se trouver un foyer, désir de se sentir attendu et recherchée.
Dès le départ donc, le spectateur est poussé à faire la connaissance de Nel, à la comprendre, et à s'y attacher pour mieux s'imprégner du film et mieux se laisser envahir par les tours de la maison. Théo ne semble être là que pour lui tenir la main, la pousser dans ses retranchement et dire tout haut ce qu'elle peut penser. John, lui, est là pour que s'exprime réellement ses désirs enfouis de reconnaissance et d'amour.
Luc quant à lui, sert davantage l'histoire de la maison. Progressant comme le spectateur dans l'angoisse et sortant peu à peu de l'incrédulité pour affronter l'horreur.
Car oui après tout, ce film est bien un film d'horreur, et plutôt réussit qui plus est.
L'ambiance s'installe tranquillement et à mesure que l'on avance dans l'histoire, l'angoisse va crescendo jusqu'à la superbe scène de la bibliothèque (même si certains parleront de la scène dans le bois, pour moi l'apothéose réside dans cette scène et dans cet escalier terrible).
Tout ici est suggéré, et c'est ce qui fait la force du film. Pas de monstre horrible, pas d'hémoglobine en cascade, pas d'effets spéciaux dans les mirettes. Non.
Juste de petits détails. Les pensées semi-paranoïaques de Nel, les menaces masquées de Mme Dudley, des portes qui claques et des prises de vu sur des murs cachants d'horribles bruits et des jeux de lumières (y'a pas à dire, les films en noir et blanc, cela permet de sacrés plaisirs visuels !). Ajoutez à cela la terrible histoire du Kastel contée par le docteur Markway et savourez. Sentez les frissons glisser tranquillement le long de vos bras. Sentez la tension parcourir lentement mais surement votre échine. Et remarquez comme de temps en temps vous vous redressez dans votre fauteuil. Révélateur.
Je juge le film sur la vf malheureusement, mais le jeu des acteurs m'a vraiment satisfait. Nel est un subtil mélange de timidité, de fragilité et d'angoisses. Théo quant à elle, est une charmante jeune femme indépendante et sûre d'elle. Peut être est il un peu dommage que son personnage - ou son don - ne soit pas un peu plus/mieux exploité, mais elle reste néanmoins intéressante.
Le personnage de Markway est un mélange parfait de professionnalisme et de passion. Sûr de lui et prêt à tout.
Luc enfin, apporte une juste dose de légèreté et d'humour, ainsi qu'un brin indispensable de scepticisme.
Pour ce qui est de l'ambiance générale, la musique, les décors et de sublimes prises de vu font parfaitement leur ouvrage.
Pour information, j'ai regardé ce film après avoir vu et revu le Rose Red de S. king et je craignais que la comparaison ne pénalise l'oeuvre de Wise, mais si l'histoire est comparable et le degré de frisson sont comparables, la maison du diable m'a presque fait oublier la maison des Rimbaueur...
Pour résumer donc, un film qui vous fait frissonner plutôt qu'hurler, mais qui s'avère très efficace et particulièrement réussit.