Fasciné par tout ce qui touche au paranormal, le docteur Markway (Richard Johnson) décide d’aller enquêter sur une maison à la réputation hantée. Il s’y rend avec trois autres personnes, mais lorsqu’il se retrouve confronté à l’inexplicable, la peur de l’inconnu reprend le dessus...
Ancêtre du film d’épouvante tel qu’on le connaît aujourd’hui, La Maison du diable est le modèle même du film de maison hanté, avec cette supériorité sur le cinéma d’horreur actuel qu’il prend le parti d’un récit entièrement fantastique, au sens littéral du terme. Cela signifie que jamais le mystère ne sera éclairci, mais tous les éléments inexplicables seront laissés à l’interprétation du spectateur qui, selon son caractère, décidera ou non d’une intervention du surnaturel dans le scénario. C’est un choix brillant à tous points de vue si l’on en juge par la qualité du film, car s’il nous épargne le dernier acte devenu incontournable dans les films d’horreur (défaut touchant même un pourtant très bon Conjuring) où l’on voit les fantômes sortir de l’ombre pour se montrer aux spectateurs et faire basculer le film dans un détestable kitsch, il nous permet en outre de ne pas attacher trop d’importance au scénario pour nous concentrer sur l’ambiance.
En effet, par son sens parfait de la mise en scène et par une écriture assez rigoureuse des personnages, Robert Wise sublime sans problème un scénario finalement guère épais pour nous plonger dans une atmosphère extrêmement travaillée, aux plans soigneusement choisis (superbe photographie de Davis Johnson), d’où se dégage une fascination et une angoisse de tous les instants. On pourrait regretter que le finale ne fasse légèrement retomber le soufflé, nous offrant en guise de climax une scène bien peu inquiétante et trop longue dans un escalier branlant, mais cela ne suffit pas à faire couler cette perle du cinéma fantastique, devenue avec le temps un classique du genre.