La Maison du souvenir par constancepillerault

Ce film fait partie d'un genre très en vogue à l'époque : le film plus ou moins inspiré par le patrimoine musical du pays (en fait l'opéra du XIXème siècle et du début du XXème siècle).
C'est une très belle évocation, hommage à ce genre musical, à travers l'histoire de la famille Ricordi et de la maison d'édition créée par Giovanni Ricordi .C'est presque un siècle d'opéra qui est évoqué, en gros de la création du Barbier de Séville (1816) à celle de la Bohème (1896). Le film bénéficie d'un très beau scénario, écrit à de nombreuses mains (pratique alors courante en Italie, sans qu'on sache qui a fait quoi) dont les célèbres Age et Scarpelli. Il évite au film d'être une simple série de vignettes, chaque séquence évoquant un moment de l'histoire de la maison Ricordi, à travers une évocation des plus célèbres représentants du genre Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi et Puccini). La reconstitution (décors et costumes ) est très soignée, et les interprètes excellents (NB il y a quelques acteurs français, dont Ronet , qui reprendra le rôle de Bellini dans un film consacré au compositeur, et quelques extérieurs du passage sur Puccini ont été tournés à Paris). C'est sans doute fortement romancé par moments, mais ça ne raconte pas n'importe quoi non plus.
Pour les amateurs, le film est un régal pour les oreilles. On a fait appel à de grands noms -de l'époque (Gobbi, Tebaldi, Del Monaco, Simionato - enregistrements pas forcément réalisés pour le film, et on retrouve les 3 premiers dans la bande son de nombreux films du genre) et les extraits de représentations ont de l'allure.
Mais la plus belle séquence du film n'est pas à proprement parler une séquence d'opéra : c'est celle, dans le segment consacré à Verdi, où ce dernier se retrouve entre des manifestants et l'armée prête à intervenir. Les manifestants, qui l'ont reconnu, entonnent son Va penserio (quasiment un hymne national bis en Italie), rejoints par les soldats, et d'autres personnes présentes.
En bref, un très beau film historique, qui ne s'adresse pas qu'aux amateurs d'opéra.