"La Maison rouge" est un film noir réalisé par Delmer Daves en 1947 ; c'est même un de ses premiers longs-métrages après une longue période de scénariste et avant de se consacrer un peu plus au western.
C'est un film d'atmosphère, un polar, qui se déroule au fin fond de la campagne, là où les jeunes prennent plus de temps que ceux de la ville pour réussir leurs examens car il leur faut compter avec le travail à la ferme.
Une jeune fille Meg a été adoptée une quinzaine d'années auparavant par un fermier unijambiste et sa sœur Ellen. Un mystère épais comme les bois qui entourent la ferme plane sur la disparition des parents de Meg. Et Pete interdit absolument qu'on pénètre dans ces bois qui entourent la ferme sous prétexte qu'ils sont dangereux et hantés.
Le scénario et la mise en scène de Delmer Daves sont habilement montés avec une histoire dans un premier temps très ordinaire d'une campagne riante joliment filmée. Puis à peu, on comprend que, sous l'eau qui dort, se cache une vieille histoire familiale pas très nette que le spectateur découvrira peu à peu.
Il y a une certaine poésie dans le rendu de la campagne le jour où tout semble paisible qui s'oppose à l'angoisse qui étreint les personnages la nuit et en particulier dans le bois et à proximité de cette fameuse maison rouge que seul semble connaître et effrayer Pete.
Le casting est assez particulier.
Le rôle du vieux fermier unijambiste est tenu par Edward G. Robinson dont on comprend vite qu'il traine un lourd passé. Le personnage est complexe car comporte plusieurs attitudes : il est tour à tour gentil et affectueux (à l'égard de Meg) puis brusquement colérique jusqu'à atteindre un état de quasi-démence. En fait, ce secret profondément enfoui ne demande qu'à ressurgir pour torturer Pete. Edward G. Robinson est particulièrement émouvant dans ce film.
Le rôle de la sœur de Pete est interprété par une étonnante Judith Anderson, dans un complet contre-emploi, car ici elle n'a vraiment rien de Mrs Danvers ! Bien au contraire, elle s'est sacrifiée pour s'occuper à plein temps de son frère tombé dans une profonde dépression, il y a justement quinze ans. Depuis, elle veille à apaiser Pete et surtout à élever et protéger Meg.
Meg, la fille adoptive, est jouée par une très jeune actrice, Allene Roberts, belle et pure, qui s'éveille à la vie mais se heurte à divers interdits de son père adoptif, Pete et à tout ce mystère qui l'entoure. C'est une goutte de fraîcheur dans ce monde qui devient peu à peu inquiétant.
Nath, un jeune employé à la ferme, de l'âge de Meg, joue le rôle du preux chevalier qui n'a peur de rien et surtout pas des bois prétendument hantés. Il contribuera avec Meg à lever le mystère. L'acteur qui tient le rôle c'est Lon MacAllister que j'avais beaucoup apprécié dans le rôle de California dans ce splendide film de Franck Borzage "Stage Door Canteen" (Le Cabaret des Etoiles) (voir la critique que j'en avais fait sur SC)
Au final, "La Maison Rouge" est un film étrange mais très attachant d'abord par les acteurs dont on ressent soit leur détresse soit leur soif de bonheur. Il est attachant aussi par la mise en scène de cette campagne qui apparaît si calme et reposante mais qui peut basculer dans le drame.