Un film d'une originalité indéniable, deux histoires d'amour, l'occasion d'une mise en abyme car l'une d'entre elles, qui conte un drame victorien, est en fait un film qui est en train de se tourner alors que l'autre, qui est un drame contemporain, conte lui la liaison adultérine, des deux côtés, entre un acteur de cinéma et sa partenaire, justement ceux qui incarnent les deux rôles principaux du drame victorien. Mise en abyme, mise en parallèle, d'une originalité indéniable mais aussi d'une grande ambition.
Je n'ai pas lu le roman original de John Fowles mais niveau écriture de scénario quand on sait que c'est un géant comme Harold Pinter qui est aux manettes, on se doute qu'à ce niveau-là le résultat ne peut être que très bon.
Niveau réalisation, ceux qui ont les beaux rôles ce sont sans conteste le montage, qui se montre souvent habile pour nous faire passer d'une histoire à l'autre, à l'instar de la séquence où les deux acteurs de l'époque contemporaine sont en train de répéter une scène, la comédienne se glisse à genoux en jean devant le comédien et se relève en robe de l'époque victorienne, et l'image car il y a une vraie recherche picturale lors du "film tourné" de la part du réalisateur Karel Reisz, qui donne des plans vraiment supers dont l'aspect sombre, très clair-obscur, traduit bien l'atmosphère fiévreuse qui anime l'histoire.
Pour ce qui est de l'interprétation, Jeremy Irons est excellent de retenue tout en parvenant à nous faire ressentir les tourments qui agitent son personnage, par contre j'ai été un poil déçu par Meryl Streep (oui, aussi improbable que celui puisse paraître on a le droit d'être un poil déçu par Meryl Streep !!!), je serais incapable de dire exactement pourquoi mais je ne la trouve pas totalement à la hauteur de son partenaire à l'écran.
Autrement, oui, je m'incline devant l'originalité de l'ensemble, son ambition, son traitement pictural, enfin celui de la partie victorienne, parce que par contraste celui de la partie contemporaine est volontairement banal, moyen ingénieux et intelligent au passage pour nous montrer que dans la vraie vie les histoires d'amour sont généralement beaucoup plus banales que celles au cinéma, je m'incline devant le montage, devant Jeremy Irons.