Il est rare de voir dans un univers aussi bien ficelé que celui de Conjuring un film aussi mauvais que l'avant dernier opus sorti en 2019, La Malédiction de la Dame blanche. Visiblement spin-off d'un costume rencontré dans le dernier Annabelle, ce nouveau film réalisé par l'inexpérimenté Michael Chaves devait servir de test pour la prochaine oeuvre qu'il sera chargé de mettre en scène, Conjuring 3.
L'entreprise était risquée, et force est de constater que pour un premier film, il s'en sort catastrophiquement mal. Visiblement homme de peu de talent, Chaves, qui a le plaisir d'avoir deux fiches artistes SC, réalisait là son premier film, et se faisant prouvait également au spectateur qu'il n'était aucunement de taille à prendre les rênes d'une saga adulée par des millions de spectateurs constamment au rendez-vous.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on a si peu entendu parler de cette nouvelle déclinaison de l'oeuvre de James Wan : cette dame blanche n'a pas convaincu grand monde. Pire même, elle en a dégoûté plus d'un d'un cinéma d'horreur devenu esclave des lois du marché, plus proche qu'il ne pense des dérives commerciales d'un autre genre tout aussi populaire actuellement, le film de super-héros ultra spectaculaire.
Alors on tente de s'accrocher aux wagons, de s'imprégner de l'histoire sordide de cette mère complètement folle et paranoïaque, jusqu'à déchanter après l'introduction intéressante de cette malédiction macabre et alors que Chaves devra commencer à filmer l'horreur comme il se doit. C'est alors qu'on découvre une Patricia Velasquez vieillie qu'arrivent les ennuis : première scène censée faire peur, et déjà premiers soufflements exaspérés.
Le réalisateur, certes nouveau dans l'exercice, concentre ses effets sur les mauvais ressorts et s'embourbe constamment dans une manière vulgaire, simpliste et prévisible de gérer son horreur, préférant largement les jumpscares bas du front aux plans de caméra travaillés. C'est en effet plus simple et moins couteux (cela demande bien moins de temps) d'abandonner son atmosphère au profit de quelques mauvaises idées censées être effrayantes.
On termine plus agressés qu'effrayés, à se demander combien de temps encore va durer cette entreprise de destruction de la saga Conjuring, à laquelle on pourra tenter une lamentable tentative de connexion par le biais d'un personnage qui n'a jamais été intéressant une seconde, le Père Perez, cliché de prêtre exorciste campé par un Tony Amendola absolument acharismatique et incrusté de manière forcée dans une intrigue qui ne ressemble pourtant pas à grand chose.
Bourrée d'incohérences, elle tente de surfer sur la vague Conjuring pour se donner plus d'importance et de légitimité à construire sa mythologie mal imagée, alors qu'elle promettait énormément au spectateur en quête de frissons. Il ne fallait pas prendre Chaves pour bien empaqueter un matériau qui n'a finalement plus grand chose à offrir, si ce n'est confirmer l'idée naissante selon laquelle la saga Conjuring, à force d'avoir multiplié trop rapidement les spin-offs en les confiant à de nouvelles têtes (la réussite du second Annabelle restait une lueur d'espoir), s'est elle-même condamnée à migrer du statut de référence horrifique à celui de mauvaise blague potache.
C'est commun, sans surprise, moche et prévisible, mal filmé et mal joué, écrit n'importe comment et sans aucun intérêt, le cliché du mauvais film d'épouvante du 21 ème siècle. Rattraper les pots cassés s'annonce difficile, si ce n'est extrêmement complexe. C'était insupportable, mais tout de même supérieur au premier Annabelle de l'autre tâcheron de John R. Leonetti puisqu'un minimum drôle et porté par la sympathique et attachante Linda Cardellini, déjà croisée dans Freaks & Geeks et qui donnera lieu à une romance avouée/non avouée absolument désastreuse (et hilarante de stéréotypes).
C'était quand même quelque chose.