Cette biographie adopte une voie plutôt originale : à la mort (des suites d'un accident, alors qu'elle n'avait que 28 ans) de Maria Malibran, ceux qui la connaissaient se réunissent pour évoquer sa vie et sa carrière. On a donc une série de flashbacks. Cela nous vaut un défilé de "têtes" comme Guitry les aimait, nombre de célébrités de l'époque (1836) faisant un passage dans le film.
La reconstitution (décors et surtout costumes ) est parfois approximative (mais ce n'est pas vilain à voir), mais le tout ne manque pas d'allure. Guitry a confié le rôle titre à une chanteuse lyrique (Géori Boué), et d'autres chanteurs jouent dans le film (Jacques Janssen doublait Cuny pour le chant dans les Visiteurs du soir). C'est que Guitry a veillé sinon à l'authenticité (les interprétations sont conformes à ce qui se faisait en 1944, pas de recherches sur ce qui pouvait se faire vers 1830) du moins à la qualité de la partie musicale du film. On notera que les airs d'opéra italien sont chantés dans leur version originale, et non en traduction, alors qu'à cette époque (sur scène en France) on utilisait surtout des versions traduites en français.
On pourra s'amuser , compte tenu de la date de production, de l'allusion appuyée au caractère "international" (cosmopolite était péjoratif à l'époque) de la Malibran "espagnole née en France mariée aux USA à un Belge et décédée en Angleterre". On peut même peut-être discerner de légers clins d'oeil aux Anglais et aux Américains (Lafayette fait un petit tour dans ce salon). Mais peut-être se fait-on maintenant une idée pas exacte de ce qui pouvait se dire ou pas dans un film, et de ce que la censure laissait passer (ou que le spectateur actuel voit des clins d'oeil là où il n'y en n'a pas)......