La Marque du tueur par drélium
Gigantesque expérience Suzukienne tout en beauté et en décalage, noyau du polar moderne, porté par un esthétisme à la croisée du minimalisme, du surréalisme, de la folie japonaise et d'une occidentalisation de grande classe, une musique swinging jazzy excellente, une mise en scène et un découpage succulent composé de plans fulgurants et de tableaux paisiblement sexy 60's. Toute la première partie est merveilleusement mise en rythme, y a rien à dire, juste à regarder. Ultra créatif. Tout cela serait donc idyllique si l'histoire n'était pas une grande ligne droite tirée au marqueur noir simplement mise en relief par une ironie d'abord plaisante puis envahissante. Ironie qui, malheureusement, prend donc le dessus là où commence le long duel final pour mieux désintégrer le flow et n'aboutir qu'à un effet de style final vraiment frustrant.
Deux gars qui se cherchent des poux dans la tête pendant une demi heure alors qu'ils sont les meilleurs tueurs et qu'il n'attendent qu'une chose, se flinguer... Et bien, qu'ils agissent et qu'ils ne nous fassent pas attendre histoire de rigoler.
Une ironie de la situation qui pousse les deux tueurs à faire durer le plaisir de l'un et la souffrance de l'autre... Énorme ton ironique pas très motivant. Le pire, c'est que c'est parfaitement voulu par Suzuki.
Je ne dis pas que c'est inintéressant mais cette dernière partie a juste annihiler mes dernières illusions quant à un scénario plus abouti et surtout plus énigmatique... Dommage (pour moi) car pour le reste, c'est du petit lait.