Avec La Mauvaise Éducation, Pedro Almodóvar signe une œuvre sombre et audacieuse, entre l’autofiction et le mélodrame, où les thèmes de l’identité, du pouvoir et de la mémoire s’entrelacent.
La structure narrative, complexe et éclatée, fonctionne comme un jeu de miroirs où chaque reflet en dissimule un autre. Almodóvar brouille les lignes entre vérité et fiction, entre souvenirs réels et souvenirs recréés. Cette mise en abîme savamment maîtrisée fait du film une expérience immersive, où le spectateur devient complice de cette quête insaisissable de la vérité.
Au cœur de ce récit, la figure de Zahara/Ignacio incarne la fluidité des identités, un leitmotiv essentiel de l’univers d’Almodóvar. Ici, le genre et le désir ne sont pas des certitudes, mais des états en perpétuel mouvement, des performances à la fois masques et révélations. Chaque personnage joue un rôle, oscillant entre leur vérité intime et les apparences imposées.
Mais au-delà de cette réflexion sur l’identité, La Mauvaise Éducation est aussi un hymne au pouvoir cathartique de l’art. À travers les figures d’Enrique, le réalisateur, et d’Ignacio, le scénariste, Almodóvar met en scène la création cinématographique comme une arme douce pour affronter les blessures du passé.
La Mauvaise Éducation n’est pas seulement un film : c’est une confession stylisée.