Classique populaire des années 70, "La Meilleure Façon de Marcher" n'a - malheureusement - guère vieilli, mettant en scène les mécanismes pervers de l'homophobie, mais évitant avec justesse de juger trop facilement ses personnages, tous magnifiquement ambigus…
Car si Miller propose ici un traitement pertinent - et souvent émouvant - de la différence (dans ce cas l'homosexualité) et de l'oppression sociale qui lui sert de réponse (l'homophobie, donc...), il entretient judicieusement un suspense de la révélation calomnieuse d'autant plus oppressant que le cadre de la colonie de vacances privilégie particulièrement la bêtise : mais c'est en conférant du charisme au bourreau (Dewaere, parfait comme toujours en abruti désirable) plus qu'à la victime que Miller brave vraiment la morale convenue, allant jusqu'au bout de la doxa qui voudrait que l'homosexualité soit une chose dégradante, et qu'il réalise un film réellement remarquable, et à la facture faussement simple.
"La Meilleure Façon de Marcher" montre ainsi particulièrement bien comment l'homophobie se construit sur les mécanismes du refoulement et de la honte, et s'avère parfaitement juste et pertinent de par son absolu pessimisme sur les rapports entre sexualité et société.
[Critique écrite en 1976, 1981 et 1992, résumée en 2018]