Pour les adeptes de deuil impossible...

« La mélancolie » … La thématique semblait a priori peu vendeuse. Pourtant la bande-annonce du film me l’a rendue attrayante. On y découvrait une femme en souffrance suite à un drame. L’atmosphère qui s’en dégageait a suffi pour me décider de partir à la rencontre de cette héroïne à l’apparence fragile…

Watako est confrontée à la perte brutale de son amant. La nature secrète de cette relation l’empêche de faire pleinement son deuil. De plus, la perspective de retrouver la morosité de sa vie conjugale rend la situation encore plus déprimante pour la jeune femme. Comment va-t-elle pouvoir affronter cette situation ? Comment accepter ces émotions qu’elle ne peut pas exprimer publiquement ?

Wakato est clairement le personnage central du film. Elle prend les traits de Mugi Kadowaki. L’actrice joue une femme fragile qui cherche sa place dans sa propre existence. Elle semble avoir perdu tout goût à la vie suite à la mort de l’être aimé. Cette relation était sa bouffée d’oxygène pour survivre à une situation maritale triste et sans passion. Elle semble subir le poids des contraintes sociales qui l’empêche de mettre un terme à son mariage. La souffrance intérieure qui l’habite m’a immédiatement touchée. L’empathie à son égard est assez naturelle et facilite l’entrée dans le film. J’étais curieux de découvrir comment elle allait gérer sa situation et sortir de sa spirale infernale…

Wakato est plutôt solitaire. Sa situation personnelle accentue ce trait de caractère. Néanmoins, elle peut compter sur Eri sa meilleure amie. Elle est la seule à être dans la confidence du secret qui ronge l’héroïne. Leurs discussions et leurs moments passés ensemble sont des bouffées d’oxygène pour Wakato. Il s’agit des seuls temps durant lesquels la jeune femme semble à l’aise et libérée. La réalisation arrive plutôt bien à faire ressentir ce constat. À l’inverse, les moments passés avec son mari, sont plus froids et tendus. Son mari perçoit un malaise entre sa femme et lui et donne l’impression de chercher à résoudre le problème dont il a du mal à déterminer la nature. Lors de leurs échanges, Wakato est sur la défensive et se montre parfois sèche. Nul doute que le couple ne dégage pas un sentiment de bonheur !

Le monde de Wakato se réduit à un petit nombre de personnes : son amant, son mari et sa meilleure amie. Le premier est celui qu’on connait le moins du fait sa disparition rapide dans le film. Néanmoins, sa présence semble accompagner en permanence l’héroïne. Le deuxième est beaucoup plus présent. Sentant que son mariage lui échappe, il cherche à en discuter avec son épouse. Ses échanges sont compliqués tant le dénouement de leur vie commune apparait inéluctable. Enfin, sa meilleure amie semble être le seul rayon de soleil de Wakato. Leurs moments passés ensemble nous font découvrir une Wakato ouverte et à l’aise. Ce constat des relations sociales de la jeune femme évolue finalement assez peu tout au long du film. Est-ce une faiblesse du film ou pas ? Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question…

L’atmosphère du film est grise. La thématique ne prête pas à l’enthousiasme et à la joie. La narration est relativement lente et contemplative. Le scénario prend le temps de nous faire ressentir la tristesse de Wakato. L’heure est également aux questionnements et cette phase-là ne peut pas s’effectuer en un claquement de doigt. Cela fait que le film propose peut de rebondissements. En termes d’événement, il ne se passe finalement pas grand-chose. Les personnages évoluent peu. Il manque peut-être un ou deux enjeux forts pour offrir un fil conducteur plus fort à l’ensemble. Cela m’aurait permis de m’impliquer davantage dans l’histoire.

En effet, j’ai le sentiment d’être resté assez extérieur au destin de l’héroïne. Je comprends et partage sa souffrance mais cela ne suffit pas rendre l’ensemble passionnant. Malgré mon envie certaine de m’intéresser à son parcours, je me suis rapidement ennuyé à suivre son quotidien. Peut-être n’ai-je pas été sensible au message proposé par l’histoire ? J’en regrette même à ne pas avoir davantage captivé par le parcours de cette femme car le film n’est pas dénué d’intérêt sur le plan formel. Hélas, on ne peut pas contrôler ses sentiments…